Jeudi 21 mars, nous nous sommes retrouvés à plus d'un millier dans les rues d'Amiens, pour réclamer des moyens pour les handicapés. Dans le département comme partout dans le pays, la situation est insupportable : dans la Somme, 1 279 personnes handicapées se retrouvent sans solution, sans structure les accueillant pour leur permettre de travailler, de se loger, tout simplement de vivre !

Comme dans bien d'autres domaines du service public, l'Etat n'honore pas ses engagements. Beaucoup de discours ont été faits sur l'intégration par le travail et la dignité retrouvée des handicapés, mais sans que les moyens suivent. On assiste même à une dégradation de la situation.

On manque toujours de places, et de nombreux jeunes adultes handicapés se retrouvent sans autre perspective que d'attendre dans leur famille, quand ils en ont une, qu'on puisse les accueillir. L'accueil lui-même se dégrade, en particulier dans les CAT, centres d'aide par le travail, qui ont pour mission de favoriser l'insertion des handicapés en les faisant travailler, avec des horaires et des tâches adaptés à leurs possibilités. Dans ces centres, un accompagnement social et psychologique est également prévu et une partie de la journée doit y être consacrée : par exemple on doit pouvoir aller faire ses démarches administratives avec un éducateur spécialisé, ou tout simplement prendre le temps de discuter, de s'amuser.

Aujourd'hui, de plus en plus de CAT manquent cruellement de cet accompagnement social, faute d'éducateurs spécialisés. Pire encore, les CAT, qui interviennent dans des secteurs aussi variés que l'entretien d'espaces verts, la menuiserie ou la fabrication de pièces pour l'industrie automobile, sont incités à " être rentables ", en faisant des bénéfices. Il faut donc produire le plus possible, ce qui entraîne des situations aberrantes dans un nombre croissant de CAT : on y " sélectionne " les personnes le moins " handicapées " possible, c'est-à-dire en mesure de produire plus.

La manifestation du 21 mars voulait donc dénoncer cette situation. La pluie battante n'a pas arrêté le cortège, un cortège regroupant le personnel des structures d'encadrement des familles et des personnes handicapées, et qui, sur l'air d'Allo maman bobo, chantait " Aujourd'hui on descend tous dans la rue, pour vous dire que ça n'va plus " et concluait : " Les budgets, va falloir les augmenter ".