Gayssot est content de lui... Pas les cheminots12/04/20022002Journal/medias/journalnumero/images/2002/04/une1759.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Gayssot est content de lui... Pas les cheminots

Gayssot se verrait bien poursuivre sa carrière de nouveau ministre des Transports. A des cheminots marseillais, il y a quelques semaines, il indiquait qu'il " continuerait bien, si les communistes le décident comme en 1997 ". Il est content de son bilan de ministre, les cheminots beaucoup moins.

Concernant les effectifs, Gayssot prétend que " le trafic ferroviaire a augmenté de plus de 20 % en 5 ans, ce qui a permis d'embaucher 40 000 cheminots, alors que 87 000 emplois avaient été supprimés entre 1984 et 1997. " Cette présentation est fallacieuse car, si l'on compte les départs en retraite et départs volontaires, les effectifs à la SNCF ont stagné pendant cette période. Par exemple, d'après les bilans sociaux publiés par la SNCF, l'effectif moyen en équivalent temps plein était de 174 958 en 1998 et de 174 872 en 2000, alors que, si les effectifs avaient suivi l'augmentation du trafic, ils auraient dû progresser de 35 000.

Le budget de la SNCF 2002, rejeté par l'ensemble des organisations syndicales, prévoit encore une stagnation des effectifs et même leur baisse dans certains secteurs comme la Traction, par exemple. Le manque de personnel se traduit pourtant quotidiennement dans tous les secteurs par une dégradation des conditions de travail et un délabrement des conditions de transport des voyageurs. Dans les gares, les queues s'allongent alors que de nombreux guichets sont fermés, faute de personnel. Dans les ateliers du Matériel, on allonge les périodes de révision et d'entretien du matériel roulant. On ne compte plus le nombre de trains " calés ", c'est-à-dire supprimés, faute de motrice ou de conducteur disponible.

Alors les retards et les suppressions de trains, particulièrement en Ile-de-France, deviennent insupportables. En gare du Nord, il y a eu par exemple des émeutes de voyageurs excédés par les retards à répétition sur leur ligne.

Lors des grèves de 1999 sur les 35 heures où les cheminots réclamaient des effectifs, Robert Hue déclarait : " Si j'étais cheminot, je ne serais pas en grève ". La direction de la CGT, d'ailleurs, s'était opposée à cette grève. Pendant ce temps- là, Gayssot restait au gouvernement, pour démontrer ce que le PCF appelle l'utilité de la présence de ministres communistes : utilité pour qui ? Alors que Gayssot a mis en oeuvre des étapes essentielles préparant la libéralisation des chemins de fer.

La SNCF ne possède plus les voies de chemins de fer. Elles appartiennent aujourd'hui à RFF (Réseau Ferré de France) et la SNCF devenue " cliente " doit payer des " péages " pour l'utilisation des voies. Pour l'instant, la SNCF est seule autorisée à utiliser les voies pour transporter des voyageurs. Mais jusqu'à quand ?

Un mois avant d'être au gouvernement, Gayssot avait voté contre la création de RFF. Au gouvernement, loin d'annuler cette réforme, il l'a mise en oeuvre...

Autre étape : la régionalisation. Là, c'est le matériel roulant qui devient souvent propriété de la Région. La SNCF devient un simple " opérateur ", un transporteur de voyageurs pour le compte de la Région. Là encore, la SNCF garde pour l'instant le monopole de ce transport, mais jusqu'à quand ? Il sera possible, demain, de confier cette tâche à des sociétés privés, comme c'est déjà le cas dans les transport par autocars. Des trusts privés comme Vivendi se pressent d'ailleurs au portillon.

Enfin la SNCF, dans le cadre de la mise en place de la " gestion par activités ", découpe des secteurs jusque-là intégrés en établissements distincts, autonomes du point de vue de leur gestion. Là encore, on met en place un système compliqué de facturations, redevances, péages, locations entre établissements, pour permettre de définir les critères de rentabilité de chaque activité. Du point de vue du service public, cela n'a aucun intérêt. Mais pour la vente future de certains secteurs au privé, c'est indispensable.

Pour l'instant, ce n'est donc pas encore la concurrence et la privatisation, mais dans la tête de plusieurs cadres, ça y ressemble déjà. Toutes ces étapes n'ont rien d'original, c'est au contraire le suivi à la lettre du mode d'emploi de la privatisation de services publics, déjà expérimentée dans d'autres secteurs ou dans d'autres pays.

Gayssot reste le fidèle exécutant de ce programme et Jospin ne manque pas une occasion de le complimenter. Il en va autrement des cheminots.

Partager