On présente aux cheminots, comme au public, la régionalisation à la SNCF comme la meilleure façon d'être au plus près des besoins des voyageurs.

Cela, c'est pour la galerie. Le MEDEF, lui, dans une brochure sur la concurrence et les services publics, explique crûment un tout autre objectif.

" La régionalisation du transport de voyageurs, qui consiste à transférer aux régions l'organisation des transports ferroviaires régionaux de voyageurs, prépare à terme à l'ouverture à la concurrence de ces transports. "

Pour autant, déplore le syndicat patronal, " l'ouverture à la concurrence du transport ferroviaire de voyageurs sera la plus longue à venir et même si elle est juridiquement rendue possible un jour, la dérégulation se heurtera sans doute à de plus grandes difficultés que pour le transport aérien. "

Parmi ces difficultés, le Medef déplore qu'à la SNCF, " les cheminots conservent, très ancré, le sentiment d'appartenir à une entreprise dont la mission de service public justifie selon eux la perpétuation du monopole ".

Effectivement. Et quand on voit ce qu'a fait le baron Seillière, le dirigeant du Medef, avec Air Liberté dont il fut l'un des principaux actionnaires, on n'a pas envie qu'il récidive dans les chemins de fer. On n'a pas envie de voir le patronat faire main basse sur une compagnie pour la liquider et laisser des milliers d'emplois sur le carreau peu de temps après.

Le Medef voit un autre obstacle à la mise en concurrence des entreprises publiques, c'est leur image qui, pour le patronat, relève de la concurrence déloyale, car " du point de vue des particuliers plus encore, l'image attachée au service public est celle de compétence et de sérieux, d'ailleurs souvent justifiée. "

Ce n'est évidemment pas l'image qui correspond à la gestion privée, exclusivement tournée vers le profit et complètement irresponsable vis-à-vis de la collectivité.