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Dans le monde
L'élargissement de l'Union Européenne et le Parlement européen
La session de novembre du Parlement européen était placée sous le signe de l'élargissement prochain de l'Union européenne au centre et à l'est du continent. Un " rapport d'étape " faisait, comme chaque année, le point sur l'état des négociations entre les treize pays candidats et les autorités européennes. Surtout, mardi 19 novembre, on a vu arriver des délégations parlementaires de ces pays, dont les représentants ont, en avant première, siégé parmi les députés européens des Quinze.
Mais, derrière le symbole très médiatisé et les discours de circonstance sur l'Europe " qui-se-réconcilierait-avec-elle-même " (... en laissant à la porte un nombre non négligeable de pays, y compris certains qui ont posé leur candidature à l'Union européenne), il y avait le reste : de la réalité la plus mesquine (les délégués turcs n'ont pas eu droit à la parole ; et s'il y avait des panneaux indicateurs ou des pages du site internet Europarl dans les langues des pays-candidats, l'Union européenne va laisser à leur charge une grande partie des frais de traduction) à celle des rapports inégalitaires que les puissances dominant l'Europe imposent déjà à ces pays.
Si l'adhésion d'une dizaine d'entre eux (la plupart issus de l'ex-" bloc " soviétique) est prévue pour 2004, les ministres des Affaires étrangères des Quinze viennent de repousser de quelques mois la date de leur entrée, initialement prévue à janvier ou mars 2004. Histoire de rappeler, là aussi, qui est maître du jeu, le Commissaire européen à l'Elargissement a également fait savoir que, d'ici là, ces pays ne devaient pas tenter d'obtenir des conditions d'adhésion " améliorées ", un euphémisme, tant elles sont draconiennes. En fait, elles ne font que traduire le rapport de subordination auquel les grands groupes ouest-européens ont d'ores et déjà soumis ces pays dans tous les domaines.
Pour rappeler et dénoncer tout cela, notre camarade Arlette Laguiller a eu droit, en tout et pour tout, à une minute en session plénière. Voici le texte de son intervention.
" Je suis, bien sûr, pour l'élargissement de l'Union européenne à l'ensemble de l'Europe géographique, et au-delà.
Mais si les grandes puissances dominant l'Union européenne sont pour l'élargissement, ce n'est certainement pas par générosité. Leurs groupes industriels et financiers ont déjà mis la main sur l'économie des pays de l'Europe orientale. L'élargissement est fait pour renforcer cette mainmise.
Ce n'est pas l'adhésion à l'Union européenne qui protégera les travailleurs de ces pays contre le chômage déjà élevé, les bas salaires, la diminution des prestations sociales, ni qui empêchera leurs paysans d'être chassés de leurs terres.
Ces pays ne seront pas intégrés dans l'Union européenne en égaux, mais en subordonnés. Ils devront subir les décisions des grandes puissances et la domination du grand capital français, allemand ou anglais. Quant aux travailleurs, ils devront travailler pour les groupes occidentaux, pour des salaires nettement inférieurs à ceux d'Occident, déjà insuffisants. Et il est choquant que, pendant plusieurs années, les citoyens de ces pays n'auront pas les mêmes droits à la circulation et à l'installation que les citoyens de l'Union européenne actuelle.
Alors, à l'arrivée de ces nouveaux pays dans l'Union européenne, pour ma part, je tiens à saluer leurs travailleurs et leurs classes populaires et à exprimer l'espoir que, dans les luttes futures, pour changer collectivement notre sort, nous nous retrouverons côte à côte ".