Deux samedis de suite, le personnel du magasin Carrefour de Nice Lingostière a fait grève. En effet depuis des années les conditions de travail se dégradent et la direction a annoncé récemment la suppression de la prime d'intéressement. Cela nous ferait une perte sèche d'au moins 500 euros et, pour les nouveaux embauchés qui gagnent le Smic, c'est catastrophique.

Déjà la direction de Carrefour nous avait fait part de ses pertes dues à la crise argentine, mais maintenant elle déclare une baisse des bénéfices de 2 %. C'est peut-être la conséquence du fait que le pouvoir d'achat de la population laborieuse a baissé, mais il n'y a pas de raison qu'en plus Carrefour répercute ses baisses de profit sur nos salaires.

Samedi 23 novembre nous étions donc en grève à l'appel de la CGT nous nous sommes retrouvés bientôt environ 250 à bloquer les entrées, sur un effectif de 800 salariés. Un tract a été distribué aux clients, leur expliquant le pourquoi de notre grève, rappelant au passage le salaire mensuel du PDG : 170 000 euros, soit 120 fois ou 150 fois notre salaire mensuel ! Et la crise économique devrait se répercuter seulement sur nos salaires ?

Vers 9 heures, le représentant des commerçants de la galerie marchande est arrivé : il voulait que l'on dégage les portes. Il fut renvoyé à la direction de Carrefour, pour l'inviter à satisfaire nos revendications, ce qui n'eut pas l'air de lui plaire.

Puis, des cadres ayant réussi à faire entrer des clients par les issues de secours de certaines boutiques, nous avons été bloquer les entrées des parkings. En fait, nombreux étaient ceux qui partaient faire leurs courses plus loin, après nous avoir dit un mot d'encouragement : c'était la réaction de travailleurs comme nous, cela se sentait.

Au cours de cette première grève, tout le monde était content de se retrouver, voire de faire connaissance. Car c'était la première fois que nous pouvions discuter entre employés de différents services.

Dans la semaine nous sommes montés voir le directeur qui n'a rien voulu savoir, et le samedi suivant 30 novembre nous avons donc remis cela. Si cette fois nous n'avons pas pu empêcher les clients de rentrer faire leurs courses, nous avons fait en revanche une manifestation permanente devant les caisses, avec banderole et tract explicatif, et personne ne pouvait ignorer que nous étions en grève. Avant de finir nous sommes montés dire au directeur ce que nous pensions, et en redescendant, nous avons fait deux fois le tour du magasin en manifestation, banderole en tête. Certains clients se sont même joints à nous. Tout le monde était content de cette action, d'autant que nous étions encore plus nombreux que la semaine précédente. Carrefour n'a peut-être pas perdu d'argent ce jour-là, mais la direction a bien dû se rendre compte que nous n'avions pas l'intention de nous laisser faire. Et de toute façon c'est une affaire à suivre...