La double peine, cette pratique injuste et inique qui permet d'expulser du territoire français un délinquant étranger condamné une fois sa peine de prison accomplie a encore de beaux jours devant elle. Pour la seule année 2002 la double peine menaçait 6 405 condamnés et 2 638 d'entre eux étaient effectivement expulsés de France. La grande majorité d'entre eux vivaient dans le pays depuis de nombreuses années, la plupart du temps depuis leur petite enfance et leur famille, parents et enfants, y résident.

Sarkozy avait laissé entendre qu'il proposerait de supprimer la double peine pour les personnes arrivées très jeunes en France, par exemple avant l'âge de dix ans ou pour celles qui y demeurent depuis plus de quinze ans. Mais il ne s'agit, Sarkozy a tenu à le préciser, que d'un simple aménagement de la loi. Pour faire semblant de ne pas rester inerte sur cette question, les députés socialistes se sont empressés - un peu tard - de déposer un projet de loi, bien modeste, qui ne vise qu'à limiter les interdictions de séjour sur le territoire français pour les étrangers condamnés pénalement.

En déposant ce projet de loi prétendant limiter les effets de la double peine les députés socialistes savaient qu'il n'aurait pas plus d'avenir ni d'effet que leur récent projet de loi sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, mais là n'est pas leur souci. Ces petites joutes parlementaires purement symboliques n'ont pour fonction que de permettre au Parti Socialiste de se refaire une vertu. Mais comme les socialistes ont toujours un temps de retard sur Sarkozy, cela contribue à donner à ce dernier le beau rôle. Sans que cela améliore en quoi que ce soit la situation pour les victimes.