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- Lutte ouvrière n°1806
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Dans les entreprises
La Poste (Paris 18ème) : Les postiers déjouent un mauvais coup de la direction
À Paris 18, durant la période des congés d'été, les facteurs doivent accepter de travailler pendant trois semaines à trois par quartier, au lieu de quatre habituellement. Selon la direction, ce serait le seul moyen pour permettre au plus grand nombre possible d'entre nous de bénéficier de jours de congés durant cette période. Bien sûr, la direction pourrait embaucher des saisonniers, mais elle y a renoncé depuis des années car c'est autant d'économies réalisées sur le dos des facteurs qui doivent assurer ce travail supplémentaire en le répartissant parmi les présents.
Cette année, la direction a proposé de prolonger cette période à cinq semaines, soit deux semaines de plus que ces dernières années. Presque tous les facteurs auraient alors été touchés et auraient dû effectuer au moins une partie de ce travail supplémentaire.
C'est la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Déjà tout au long de l'année nous souffrons du manque chronique d'effectifs, au point que plusieurs jours par semaine, deux, trois, quatre... tournées de distribution du courrier ne sont pas assurées, faute de bras. Il n'y a pas de volant de remplacement et les départs en retraite et les mutations ne sont pas systématiquement remplacés. Devant la grogne générale et l'opposition des syndicats, la direction a d'abord fait mine de mettre de l'eau dans son vin pour tenter de calmer les esprits. Elle a alors proposé de ne prolonger la période estivale que d'une semaine au lieu de deux.
Pour tous, c'était encore une semaine de trop. Rapidement, par une pétition, la quasi-totalité des facteurs a rejeté toute idée d'allongement de la période estivale et a affirmé sa volonté de maintenir même en été la présence de quatre facteurs par quartier; la direction n'a qu'à embaucher! À l'issue d'une prise de parole des syndicats et du refus réitéré du directeur de prendre en compte nos revendications, un préavis de grève a été déposé pour le mardi 4 mars.
Le 4 mars, nous étions plus de 100 sur 350 en grève et la grève a continué le jour suivant. La direction a pu prendre la mesure de la détermination d'une forte minorité d'entre nous et de la sympathie que nous rencontrions parmi les non-grévistes et de nombreux usagers. Battant en retraite, la direction a renoncé à son projet d'extension de la période estivale à quatre ou cinq semaines. Elle s'est engagée à embaucher quatre facteurs en contrat à durée indéterminée en mars, ce qu'elle a fait, et trois en avril. Pour dédommager les grévistes d'une grève qu'elle avait provoquée, la direction a accordé trois ou quatre heures de compensation, suivant la durée de la grève faite par chacun.
Tous, grévistes et non-grévistes, étaient contents de ce recul de la direction... Mais le problème de fond, le manque constant d'effectifs suffisants, qui est d'ailleurs commun à la plupart des bureaux de poste, reste entier.