Retraites et démographie, de fausses évidences05/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1818.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Retraites et démographie, de fausses évidences

Un des arguments les plus couramment employés pour expliquer qu'il faudrait allonger les années de cotisation est celui de la démographie. Le système des retraites, s'il se perpétue tel qu'il est aujourd'hui, courrait à la faillite, nous dit-on, parce qu'il y aurait d'ici quarante ans trop de retraités pour le nombre d'actifs. Et comment, si on en croit les chiffres avancés, nourrir, loger, entretenir les dix millions de retraités en plus en 2040 alors qu'il y aura trois millions d'actifs en moins?

D'autres chiffres sont mis en avant qui, paraît-il, appuyeraient la même thèse; ainsi, en 1960, il y avait 4 actifs pour un retraité; aujourd'hui il y a 2 actifs pour un retraité; et en 2040, il y aurait 1 actif pour un retraité. Poids insupportable pour les générations futures qui ne pourraient nourrir tous ces "inactifs"! Cette argumentation avait d'ailleurs déjà servi à Balladur pour imposer en 1993 aux salariés du privé le passage des 37,5 annuités aux 40 annuités et des sacrifices supplémentaires aux retraités du secteur privé.

Mais pourquoi la diminution du nombre d'actifs imposerait-elle nécessairement aux travailleurs à la retraite de vivre moins bien et à ceux qui sont en activité de travailler plus longtemps?

Le nombre d'agriculteurs de ce pays a été divisé par 8. Il est passé de plus de 8 millions à 1 million. Si on en croit ce que martèlent propagande gouvernementale et médias, cela aurait dû avoir des conséquences désastreuses sur l'ensemble de la population; or, non seulement, la population a pu continuer à se nourrir mais dans le même temps, les exportations de produits agricoles se sont même considérablement développées.

L'argumentation du gouvernement est bien mensongère et spécieuse. Si la question est de savoir comment permettre aux retraités de vivre dignement dans quarante ans, eh bien, il faut observer où en est la production aujourd'hui et comment elle pourrait évoluer. Et là-dessus, on ne nous présente que certains chiffres et on se garde bien de les donner tous.

Aujourd'hui, un actif produit en une heure de travail dix fois plus qu'il y a quarante ans. Cela donne une indication sur les possibilités dans l'avenir. La quantité de richesses produites par chaque travailleur a augmenté de façon telle que les progrès techniques pourraient suffire largement demain, non seulement à faire vivre un plus grand nombre de retraités mais en même temps à améliorer le sort de l'ensemble de la classe ouvrière.

Le problème n'est donc pas de savoir s'il y aura trop ou pas assez d'actifs. Il est d'imposer que l'ensemble des richesses produites dans cette société profitent aux travailleurs, en activité comme à la retraite!

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