Proche-Orient : Après la rencontre d'Aqaba, le terrorisme d'Etat israélien12/06/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/06/une1819.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Proche-Orient : Après la rencontre d'Aqaba, le terrorisme d'Etat israélien

Il n'a pas fallu attendre bien longtemps, après l'acceptation sous l'égide des États-Unis de la "feuille de route" par Sharon et par le nouveau Premier ministre palestinien Mahmoud Abbas (dit Abou Mazen), pour que des missiles israéliens tirés contre le véhicule du porte-parole du Hamas annihilent le fragile équilibre obtenu par l'administration américaine. Celle-ci se disait fière d'avoir obtenu du gouvernement israélien et de certains représentants palestiniens l'annonce que les deux parties allaient mettre en oeuvre une série de mesures, s'apparentant à des concessions réciproques pouvant conduire à la paix.

Mais le terrorisme d'État une nouvelle fois pratiqué par Sharon est, en fait, dans le droit fil de ce qui a été concocté à Aqaba où il n'y a jamais eu de concessions réciproques. Du côté israélien, il s'agit de mettre fin aux colonies illégales construites en territoire palestinien depuis l'arrivée de Sharon au gouvernement. Pourquoi celles-là uniquement? Mystère! La presse israélienne, même celle qui est favorable à un accord avec les Palestiniens, est très dubitative sur la réalité des concessions côté israélien. Selon le mouvement "La paix maintenant", 116 implantations sauvages ont été créées dans les Territoires depuis 1996, 59 sous les mandats de Natanyahou et Barak, 57 sous le mandat de Sharon. Seulement quatorze de ces implantations sauvages ont été à ce jour démantelées.

Mais, dans la plupart des cas, il s'agissait de faux démantèlements dans la mesure où il n'y avait sur place que quelques caravanes, parfois inhabitées. Un journaliste du quotidien israélien Haaretz soupçonne que la ou les deux dizaines de colonies que Sharon voudrait démanteler seraient elles aussi du même ordre "de telle sorte qu'aujourd'hui encore, un éventuel démantèlement serait un coup de bluff".

En revanche, il est exigé que les Palestiniens mettent fin à l'Intifada, c'est-à-dire à leur propre révolte contre leurs oppresseurs. C'est dire si les concessions sont inégales et se situent à des niveaux n'ayant aucune commune mesure. D'ailleurs, établissant un parallèle avec les accords d'Oslo, Haaretz écrit dans son édition du 4 juin: "À Oslo, les Palestiniens ont été sommés de déposer leurs armes, mais les Israéliens ont été autorisés à poursuivre la construction des implantations jusqu'à la conclusion d'un accord permanent"... qui n'a jamais été signé.

Et, au contraire même, durant toute cette période où se sont succédé les rencontres, les entretiens, les traités, les Territoires occupés ont été fortement amputés et morcelés, avec des zones coupées les unes des autres, une population qui peut de plus en plus difficilement circuler et se rencontrer, et qui est de façon constante en butte à des contrôles avilissants. Et au sein de tous ces petits bantoustans règne une misère sans cesse croissante, un manque de soins chronique et l'impossibilité même de travailler du fait des saccages effectués par l'armée israélienne.

Alors, quel peuple pourrait accepter une telle situation sans se révolter contre les responsables de son humiliation et de sa pauvreté? Et c'est cette révolte justement que l'administration américaine, soutenue en la circonstance par l'Union européenne, la Russie et les Nations-Unies (le quartet) voudrait voir étouffer.

Pour que le peuple palestinien puisse accepter la fin de l'Intifada, il faudrait qu'il obtienne satisfaction tant sur ses revendications nationales que sociales et puisse enfin travailler et vivre dignement. Les dirigeants américains ne montrent aucun signe de vouloir agir en ce sens, alors qu'ils en auraient les moyens politiques et financiers, ne serait-ce qu'en accordant à la Palestine promise une partie du soutien financier qu'ils accordent à Israël ou à quelques-uns des potentats arabes locaux.

Si les dirigeants des États-Unis daignent desserrer les cordons de leur bourse, ce sera uniquement pour aider à mettre sur pied un appareil répressif capable de contenir les aspirations et la colère du peuple palestinien. Autant dire que les Palestiniens n'ont rien à espérer des prétendus règlements de paix établis sous l'égide de l'impérialisme et qui visent à préserver l'essentiel de ce que l'expansionnisme des divers gouvernements israéliens a arraché aux Palestiniens.

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