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- Lutte ouvrière n°1830
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Dans les entreprises
Flodor - Péronne (Somme) : Patrons voyous - état complice
C'est le 20 août, Flodor étant fermé, que des salariés de cette entreprise de Péronne, qui produit notamment des chips, ont remarqué un ballet de camions quittant l'usine. Le patron avait déjà fait démonter une ligne de production, deux lignes de conditionnement ainsi que la friteuse industrielle de 8000 litres, la plus performante de l'usine. Au passage, les "déménageurs" avaient saccagé les circuits électriques et systèmes de sécurité.
L'alarme ayant été donnée et la police arrivée sur les lieux, le directeur, qui avait tenté de fuir caché dans un coffre de voiture, fut arrêté. Pas pour avoir vidé l'usine et voulu jeter à la rue ses salariés, mais pour ne pas avoir respecté les formes légales. Et pas pour longtemps: mis en examen, il a été libéré sous caution (7 500 euros ont suffi). Et comme il ne lui avait pas été interdit de quitter le territoire, il a filé depuis en Italie, siège du groupe Unichips auquel appartient Flodor!
Bien sûr, les autorités ont, une nouvelle fois, promis qu'elles feraient respecter la loi, qu'elles ne toléreraient pas les agissements de "patrons-voyous". Elles avaient déjà dit ça, en janvier dernier, quand les ouvrières de Palace Parfum, en Seine-Maritime, s'étaient retrouvées à la rue dans des conditions analogues. Huit mois après, la justice continue à faire traîner les choses et la majorité des ouvrières restent sans travail.
À Flodor, les choses se présenteraient-elles différemment? En tout cas c'est ce que les autorités voulaient faire croire, lundi 24 août à la télé, avec des reportages vantant la prétendue remise en route de l'usine. Comme si tout avait été réglé! Certaines productions ont peut-être repris. Mais pour combien de temps? Et puis, combien de travailleurs ont retrouvé un emploi? Pas tous, ce que se gardaient bien de préciser les télés.
L'entreprise comptait 550 salariés en 1991 et employait alors 250 saisonniers. Après plusieurs plans de licenciements, dont le dernier en date est de décembre dernier, il n'y avait plus que 198 ouvriers.
C'était sans doute encore trop pour la famille Vitaloni et les autres actionnaires de Flodor qui se sont enrichis pendant des années en exploitant toujours plus ceux qu'ils n'avaient pas encore licenciés. Et cela avec un cynisme affiché comme lorsque, mise en demeure par la Préfecture de remettre les installations aux normes de sécurité, la direction avait promis un investissement de 2,5 millions d'euros en contrepartie de 79 licenciements "volontaires", en décembre 2002.
Ces gens-là, sans scrupule, ne s'apprêtaient pas seulement à saccager la vie des deux centaines de travailleurs restant à l'usine, mais aussi de petits producteurs de pommes de terre de la région, dont Flodor est le principal débouché.
Combien de ces patrons ont fermé et s'apprêtent à fermer leurs usines afin d'augmenter leurs profits, en jetant leurs salariés sur le pavé et en plongeant une ville, voire une région, campagnes comprises comme ici, dans le désespoir? Si ces patrons-voyous étaient emprisonnés, comme il se devrait, les prisons seraient pleines. Mais comme elles le sont déjà, l'État les laisse en liberté...