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Proche-Orient : Une situation provoquée par Sharon
L'engrenage de la violence s'est remis en marche sans tarder après l'attentat-suicide qui a fait vingt morts, mardi 19 août, à Jérusalem. Cet attentat a permis au gouvernement israélien de justifier officiellement la reprise de ses attaques et ses raids contre les Palestiniens... qui en réalité n'avaient jamais réellement cessé.
La "trêve" de la violence proposée par les États-Unis avait été acceptée par les deux parties le 29 juin dernier. Tant bien que mal, le Premier ministre palestinien avait réussi à faire respecter cette trêve, et les attentats-suicides s'étaient interrompus.
Côté israélien en revanche, aucune des conditions, pourtant bien limitées, exigées dans cet accord n'a été réellement respectée: ni l'arrêt des implantations des colonies, ni l'arrêt de la destruction de maisons palestiniennes, ni le retrait de l'armée des villes de Cisjordanie.
La construction du mur qui vise à transformer toute la Cisjordanie en un vaste camp de concentration ne s'est pas interrompue un seul jour, avec son lot de destructions de champs, de cultures et de puits palestiniens. La majorité des prisonniers politiques palestiniens sont restés dans les geôles israéliennes.
Et le gouvernement israélien a continué les "attentats ciblés" de personnalités palestiniennes, assassinant notamment plusieurs responsables du Hamas.
Ainsi le 8 août, onze jours avant l'attentat de Jérusalem, l'armée israélienne tuait deux militants du Hamas à Naplouse. Le 14, un autre à Hébron. Le 18, la veille de l'attentat, elle procédait à la destruction de trois maisons palestiniennes à Jérusalem-Est, arrêtant au passage plusieurs opposants israéliens qui tentaient de s'y opposer.
Sharon ne pouvait pas ignorer que ces exactions entretenaient un climat propice à la reprise des attentats.
Après l'attentat du 19 août, l'armée israélienne a renforcé la répression.
Pour la population palestinienne de Gaza et de la Cisjordanie, la situation déjà terrible qu'elle endure va encore se dégrader, devenir encore plus humiliante et difficile.
Mais ce n'est pas la politique des mouvements terroristes palestiniens, avec leurs attentats sanglants, qui va servir les intérêts de la population palestinienne. Eux d'un côté, le gouvernement Sharon de l'autre, agissent comme deux factions qui se moquent du sort des populations et agissent dans le même sens: creuser un fossé de sang, toujours plus profond, entre les peuples israélien et palestinien.
Et l'Autorité palestinienne, qui voulait montrer ses capacités à devenir un véritable État capable de contrôler la population palestinienne, se retrouve coincée, dans la situation d'avoir à céder aux exigences israéliennes en écrasant des mouvements tels que le Hamas, ou plutôt à essayer de le faire, car elle n'en a probablement pas les moyens, au risque de provoquer une véritable guerre civile dans les territoires palestiniens. Ou bien elle ne le fait pas, et donne à Israël le prétexte pour occuper militairement à nouveau ces territoires.
Ce n'est pas l'impérialisme américain qui va aujourd'hui obliger le gouvernement israélien à changer de politique. Seules les réactions des populations de cette région du monde pourraient changer la donne. Dans le passé, c'est la première Intifada, la révolte des pierres, qui a amené l'État israélien à faire quelques petits pas dans la reconnaissance du droit des Palestiniens à avoir leur État. Et c'est la réaction d'une partie de la population israélienne, choquée de voir sa jeunesse mourir au Liban ou jouer le rôle de gardiens de prison là-bas, en Cisjordanie et à Gaza, qui avait amené l'État israélien à reconsidérer sa politique au moins pour un moment, il y a une vingtaine d'années.