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Argentine : Grâce à Aznar, les militaires tortionnaires une nouvelle fois libérés !
Lundi 1er septembre, la justice argentine a remis en liberté quarante tortionnaires de l'ancienne dictature militaire (1976-1983), 39 militaires et un civil, parmi lesquels l'ex-capitaine de corvette Alfredo Astiz, responsable, entre autres, de l'assassinat de la première dirigeante du mouvement des Mères de la Place de Mai, ces mères de militantes et de militants qui, en pleine dictature, avaient exigé la vérité sur le sort de leurs enfants assassinés.
Cette libération d'une brochette d'assassins, pour la troisième fois, on la doit au gouvernement espagnol d'Aznar qui a retiré sa demande d'extradition. Aznar est intransigeant quand il s'agit de réprimer les militants nationalistes basques d'ETA, mais il fait preuve de mansuétude quand il s'agit de militaires qui ont pourtant fait régner la terreur sur tout un peuple pendant des années.
En annulant la demande d'extradition présentée par le juge Baltazar Garzon au nom de plaignants espagnols, le gouvernement espagnol a prétendu que la justice argentine avait aujourd'hui les moyens de les poursuivre elle-même.
Les députés argentins ont annulé les deux principales lois qui amnistiaient les militaires pour la majorité des crimes commis pendant la dictature. Ils ont été suivis par les sénateurs. On attend toutefois une ultime décision de la Cour suprême, qui pourrait demander encore un peu de temps. Personne n'aurait protesté, parmi ceux qui ont souffert de la dictature, qu'une juridiction espagnole en condamne sans attendre une quarantaine.
Les votes des parlementaires argentins ont relancé les procédures suspendues par les lois d'amnistie. Du coup, une autre juridiction a rouvert le dossier de l'Ecole supérieure de mécanique (Esma), cette école militaire au coeur de Buenos Aires transformée pendant la dictature en centre de tortures, où s'activait entre autres Alfredo Astiz. Cette procédure concernerait sept cents militaires tortionnaires, dont la majorité coulent actuellement une retraite paisible.
Les choix du président argentin, Nestor Kirchner, font grincer quelques dents. Cependant, dans un souci d'élargir son crédit politique auprès de ceux qui n'ont rien oublié des exactions de la dictature, il maintient le cap et entend que les crimes commis pendant la dictature soient jugés.
Il espère que cela lui donnera une assise politique suffisante pour mener à bien les autres volets de sa politique, convaincre le FMI de rouvrir les vannes du crédit à l'Argentine, ce qui ne se fera qu'en imposant d'une façon ou d'une autre une austérité accrue pour la population argentine. Le 9 septembre prochain, l'Argentine doit régler une échéance de près de trois milliards de dollars. Nul ne sait si elle y parviendra. Mais si elle paye, ce sera autant qui manquera pour faire face aux difficultés d'un pays en ruines, où six Argentins sur dix sont dans la misère et où le chômage est largement au-dessus de la barre des 20%.