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Dans le monde
Halliburton : La manne des crédits militaires
«Nous savons que quelqu'un s'enrichit en important du pétrole en Irak. Ce que nous ne savons pas, c'est qui empoche l'argent, Halliburton ou le Koweït», s'interrogent deux parlementaires américains. Le groupe américain a en effet enregistré des bénéfices records au dernier trimestre, notamment au travers de sa filiale Kellog Brown & Root (KBR), chargée de reconstruire les infrastructures pétrolières en Irak. Elle a entre autres touché 162 millions de dollars pour l'importation en Irak de pétrole acheté 70 cents le gallon et revendu 1,50 dollar à l'armée américaine. Or, même avec le transport, ce prix devrait être inférieur à un dollar, estiment des experts.
Que de grands groupes industriels s'enrichissent au travers des commandes militaires n'est pas une nouveauté: Krupp en Allemagne, Schneider en France au siècle dernier, ou plus récemment Dassault avec la vente d'avions de combat, Thomson ou Matra avec l'électronique ont bâti des fortunes de cette façon -pour ne citer que quelques exemples. Et où se situe la limite entre marge bénéficiaire et surfacturation? Vraisemblablement, au pourcentage que les États sont prêts à accepter.
Les parlementaires américains qui protestent contre les bénéfices des entreprises oeuvrant à la soi-disant reconstruction de l'Irak ne sont certainement pas naïfs au point d'espérer que les budgets militaires cessent de servir de vaches à lait aux industriels. Ils sont membres de l'opposition démocrate et mènent campagne contre Bush et le camp républicain. Du coup, ils sont plus vigilants que lorsqu'ils étaient eux-mêmes aux affaires. Ils constatent que les 71 entreprises qui ont obtenu des contrats en Irak ou en Afghanistan sont celles qui ont le plus financé la campagne électorale de George Bush, même si (il vaut mieux avoir un pied dans chaque camp) elles ont aussi versé des subsides aux autres candidats. «Moraliser» les affaires, pour eux, c'est simplement discuter de la part du gâteau qui doit revenir à tel ou tel trust.