Logement : Un toit, ce devrait être un droit!05/11/20032003Journal/medias/journalnumero/images/2003/11/une1840.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Logement : Un toit, ce devrait être un droit!

Avoir ou garder son logement est une rude épreuve pour une partie de la population ouvrière des grandes villes. Des familles vivent dans l'angoisse de l'huissier qui viendra les mettre à la porte à la fin de l'hiver. Il leur a suffi d'être frappées par le chômage pour être expulsées de l'appartement qu'elles occupaient parfois depuis une dizaine d'années. Aujourd'hui, presque un tiers des sans-domicile-fixe (SDF) sont des salariés qui sont obligés d'aller de foyer d'accueil en foyer d'accueil, ne pouvant réunir les garanties exigées par les propriétaires ni faire face à la cherté des loyers.

Tout aussi dramatique est la situation des familles qui n'ont d'autre choix que de payer les prix exorbitants exigés dans les hôtels meublés. 11000 personnes à Paris, 15000 en Seine-Saint-Denis, doivent ainsi verser des loyers qui dévorent parfois la quasi-totalité de leurs revenus, pour habiter des locaux incommodes, voire insalubres, où il n'est même pas possible de faire la cuisine. Les marchands de sommeil qui tiennent ces lieux s'enrichissent ainsi en abusant de l'incapacité où se trouvent ces travailleurs à réunir les papiers et les garanties demandées pour accéder à un appartement locatif. Et même si la situation de tous les travailleurs n'est pas, heureusement, aussi difficile, le logement pèse d'un poids sans cesse accru dans les budgets de presque tous. La hausse des loyers n'a cessé de s'accélérer ces dernières années, pour atteindre 5% dans le secteur libre en 2002 en région parisienne. Et comme un tiers à peine des demandes en HLM sont satisfaites, nombreux sont ceux qui subissent ces hausses et ces tarifs, quitte à se restreindre, eux et leurs familles, sur d'autres besoins.

Cette situation est la conséquence de la pénurie de logements. Or on en construit de moins en moins. Les mises en chantier n'ont jamais été aussi faibles en Ile-de-France depuis les années 1970. Elles ont baissé de 20% en quatre ans, aussi bien dans le secteur libre que dans celui des HLM. Pour ces derniers, 2003 aura été l'année où le moins grand nombre de logements sociaux aura été construit depuis cinquante ans. Et avec la baisse des crédits publics programmée dans le budget 2004, cela ne va pas s'arranger. Pourtant, à l'échelle du pays, il manquerait aujourd'hui entre six cent mille et un million de logements! A une époque où les moyens techniques permettent d'élever un immeuble en quelques mois...

C'est pourtant le résultat de cette loi du marché dont les défenseurs nous disent qu'elle constitue la formule la plus efficace. Les promoteurs ne lancent leurs programmes de construction que là où cela peut leur rapporter le maximum. Et en l'occurrence, les constructions haut de gamme ou l'immobilier de bureau passent bien avant la construction de logements pour ceux qui en ont le plus besoin, mais qui peuvent le moins payer. Aujourd'hui en Ile-de-France, une mise en chantier sur deux concerne des bureaux. Cela montre d'ailleurs au passage la mauvaise foi de ceux qui prétendent qu'on ne construirait pas dans les grandes villes, faute de terrain disponible.

Laisser jouer cette loi du marché pour un besoin aussi vital que le logement, c'est accepter que dans les années qui viennent une part croissante de la population laborieuse se retrouve sans toit. C'est bien pourquoi, dans ce domaine comme dans d'autres, il est urgent que soient mises à l'ordre du jour des mesures qui ne s'arrêtent pas là ou commence la propriété des bourgeois.

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