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Dans les entreprises
Aventis - Sanofi : Profits plantureux et parachutes dorés
Dans le cadre de l'OPA (offre publique d'achat) hostile de Sanofi-Synthélabo contre Aventis, la bataille s'est déplacée sur le plan juridique. Aventis engage une action en justice aux USA pour rendre caduque l'opération, au même moment où Sanofi vient d'obtenir le feu vert de Bruxelles, après celui de Paris. De leur côté, les responsables d'Aventis rencontrent le ministre de l'Industrie pour «sonder» le nouveau gouvernement sur un éventuel rapprochement Aventis-Novartis. Enfin le PDG de Sanofi-Synthélabo a rencontré les syndicats du laboratoire Aventis, pour essayer de les convaincre que le personnel n'avait rien à craindre de l'OPA pour laquelle son groupe débourse la somme colossale de 47,8 milliards d'euros (soit près de 5 fois le prétendu trou de la Sécurité sociale). À l'entendre, son projet serait «très bon pour les personnels», auxquels il reconnaît quand même -merci pour eux- le droit de «se poser des questions».
Le PDG de Sanofi affirme qu'il n'y aura pas de licenciements secs, mais des restructurations, inévitables dans un groupe qui passerait de 30000 à 100000 salariés. Dans de précédentes déclarations, il avait avancé le chiffre de 10000 emplois mis en cause. Cette fois on ne l'y a pas repris et, prudent, il n'a pris aucun engagement chiffré.
Les salariés d'Aventis n'ont pas besoin des déclarations du PDG de Sanofi pour savoir ce que signifient ces restructurations annoncées, eux qui ont vécu il y a cinq ans la fusion entre Hoechst et Rhône-Poulenc, avec son lot de fermetures de sites et de réductions d'effectifs, comme par exemple la fermeture du centre de Romainville avec 660 suppressions d'emplois. Même chose pour les salariés du laboratoire Sanofi-Synthélabo, issu lui aussi de multiples regroupements entre laboratoires.
D'ailleurs, qu'il y ait fusion ou pas, c'est une même politique de rentabilité qu'appliquent les capitalistes du médicament. On en a eu un exemple avec l'annonce par le laboratoire américain Schering-Plough de la fermeture d'un centre de recherche de la banlieue lyonnaise, où travaillent une centaine de personnes, sous prétexte de pertes en 2003 après des bénéfices records en 2002. L'industrie pharmaceutique est pourtant une des plus rentables du monde. Des trusts comme Pfizer, numéro 1 mondial, d'autres comme Glaxo ou encore Novartis comptent parmi les sociétés les plus riches de la planète (parmi les sociétés qui occupent les premiers rangs à l'échelle mondiale, il y a dix laboratoires pharmaceutiques).
En tous les cas, il y en a un qui ne se pose pas de questions sur son avenir. C'est le PDG d'Aventis, Igor Landau. Il connaît déjà le montant de ses éventuelles indemnités de licenciement, au cas où il perdrait son poste. Il toucherait alors près de 24,6 millions d'euros, en guise de «parachute doré».
Voilà qui montre qu'il n'y aurait pas bien loin à chercher pour trouver de quoi combler le fameux «trou» de la Sécurité sociale. L'industrie pharmaceutique est florissante et sa santé financière tout autant. Ses profits y suffiraient largement et utiliser ces milliards serait un juste retour des choses, car cet argent vient des profits accumulés sur le dos de la Sécurité sociale et des assurés.