- Accueil
- Lutte ouvrière n°1864
- Espagne : Les troupes sont retirées d'Irak, mais l'austérité est maintenue
Dans le monde
Espagne : Les troupes sont retirées d'Irak, mais l'austérité est maintenue
Zapatero, le président du nouveau gouvernement socialiste espagnol, quelques heures après que ses ministres eurent pris leurs fonctions, a annoncé sur le parvis de la Moncloa, siège de la présidence, le retrait des 1400 militaires espagnols présents en Irak aux côtés des Américains et des Anglais.
Ces troupes, a-t-il ajouté, devront rentrer «le plus vite possible et avec la meilleure sécurité possible», expliquant «en mars 2003, je m'étais engagé, si j'étais élu, à retirer les troupes espagnoles d'Irak si l'ONU ne prenait pas en main la situation politique et militaire avant le 30 juin... il n'y a pas d'indices qui permettent de prévoir un changement de la situation en Irak dans les délais prévus et dans le sens réclamé par le peuple espagnol».
Cette annonce, faite avec une solennité calculée, est destinée à satisfaire l'opinion, qui avait manifesté massivement au moment du déclenchement de la guerre au printemps 2003. Zapatero rompt aussi avec le choix de son prédécesseur Aznar, qui s'alignait derrière Bush. Aznar apparaissait hautain avec les parlementaires espagnols et servile vis-à-vis de Bush. Zapatero veut donner l'image d'un homme d'État qui tient ses promesses.
Lors du débat d'investiture, notamment avec les partis nationalistes qui l'ont appuyé, mais aussi avec l'opposition de droite, il s'était montré courtois. Ce qui, là encore, rompt avec l'attitude d'Aznar. Il fait donc figure, dit le dirigeant d'Izquierda Unida, coalition autour du Parti Communiste Espagnol, d'un «président sensible à la majorité de la société».
Mais cette «sensibilité» a des limites que les travailleurs risquent de constater rapidement. En effet, si le programme de Zapatero prévoit le retrait des troupes espagnoles d'Irak et quelques engagements concernant la suspension des mesures les plus choquantes du gouvernement précédent comme la loi sur l'enseignement, il prévoit surtout de continuer la politique d'austérité du gouvernement de droite, une politique dévouée au grand patronat.
La nomination de Pedro Solbes, comme ministre de l'Économie, est significative. Celui-ci était déjà ministre de l'Économie il y a dix ans. Il avait été, dans le gouvernement socialiste de Felipe Gonzales, l'exécuteur d'une politique ouvertement antiouvrière qui s'était conclue par la défaite électorale des socialistes en 1996. Solbes a annoncé, dès sa prise de fonction, une politique de rigueur budgétaire. Il promet des aides au patronat pour, dit-il, «ressusciter la politique industrielle et impulser le commerce extérieur».
Zapatero, qui ne manque aucune occasion de dire son admiration pour Tony Blair et Felipe Gonzales, a tenu une de ses promesses mais si les travailleurs veulent que leur vie change et que cessent les plans de licenciements, les cadeaux au patronat, la dégradation des services publics, la perte du pouvoir d'achat, le travail précaire, il faudra qu'ils posent eux-mêmes ces problèmes sur la table et dans la rue. Car, pour l'instant, rien de bon n'est prévu pour eux.