Nombre de travailleurs s'inquiètent des risques de délocalisation de leur usine et des pertes d'emplois que cela implique. En France, elles ont littéralement détruit certains secteurs comme le textile. Il n'empêche que, même en admettant -ce qui est loin d'être prouvé- que ces délocalisations se soient accélérées ces dernières années, elles sont loin d'expliquer le niveau actuel du chômage.

Si tel était le cas, les millions d'emplois perdus dans les pays économiquement les plus développés depuis une trentaine d'années auraient eu comme contrepartie l'essor de l'emploi industriel dans les pays pauvres. Or, c'est le contraire qui s'est passé. Mis à part quelques régions du monde très limitées, comme le Sud-Est asiatique, l'ensemble des pays pauvres ont eux aussi perdu des industries, des emplois, et connu une envolée du chômage.

Les pays d'Europe de l'Est nouvellement intégrés à l'Union européenne n'y font pas exception. Ils ont vu leur chômage exploser depuis la chute des régimes dits "socialistes" et la privatisation de la majeure partie de leur économie.

En fait, depuis des années, l'écart de richesse entre pays riches et pays pauvres, loin de se résorber, se creuse. Car partout dans le monde les capitalistes mettent les travailleurs en concurrence les uns avec les autres, et partout ils brandissent, entre autres, la menace de la délocalisation pour faire pression sur les salariés, pour les forcer à accepter de réaliser la même production avec moins d'effectifs. L'économie capitaliste se révèle incapable de développer la production, quand elle ne la fait pas s'effondrer, malgré l'immensité des besoins à satisfaire.

La montée du chômage massif, à l'échelle internationale, est avant tout le résultat d'un rapport de forces entre les capitalistes et les salariés, et très peu celui d'un transfert de la production de certains pays vers d'autres.