Manifester, voter, et frapper en utilisant notre vraie force03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Tribune de la minorité

Manifester, voter, et frapper en utilisant notre vraie force

Claque ou pas aux dernières élections régionales, le gouvernement n'en continue pas moins la mise en oeuvre de ses projets. Les coups contre la sécurité sociale comme ceux concernant la privatisation des services publics se précisent chaque jour plus clairement.

Après "l'ouverture du capital" d'Électricité et Gaz de France, le Journal du Dimanche a même annoncé que les gares allaient être vendues! À court ou moyen terme? Reste qu'il est dans l'air du temps de donner au capital privé tout ce qui est susceptible de rapporter du fric. Que la conséquence en soit le démantèlement des entreprises publiques, que les usagers aient à payer toujours plus cher pour moins de services, que des emplois soient supprimés par dizaines de milliers et des avantages acquis saccagés, que la santé soit offerte sur un plateau avec la Sécu en holocauste aux compagnies d'assurances privées et les plus pauvres interdits de soins, qu'importe!

C'est par dizaines de milliers que les travailleurs d'EGF ont manifesté à Paris la semaine dernière. La volonté de la base d'empêcher la privatisation de l'entreprise publique a été telle qu'aucune des directions syndicales n'a osé se tenir à l'écart de cette manifestation. Si à la suite d'un appel tardif la présence de travailleurs d'autres entreprises publiques comme la Poste, la SNCF... ne fut que symbolique, c'est aussi parce que les fédérations avaient déjà multiplié des appels séparés à des journées sans lendemain, les cheminots ou les postiers un jour, les enseignants un autre, une tactique qui a pourtant fait la preuve de son inefficacité. Mais pour une fois, les confédérations syndicales appellent ensemble -y compris la CFDT- à manifester dans la rue à la fin de cette semaine, le samedi 5 juin, contre le projet gouvernemental sur la sécurité sociale. Que cette journée ait une suite ou pas, cela dépendra essentiellement de l'ampleur de notre participation et de la façon dont nous exprimerons notre volonté de continuer.

Selon le calendrier du gouvernement, d'ici à fin juillet tout devrait être entériné. Une franchise d'1 euro sur le remboursement de la consultation médicale sera instituée. Et il n'y a que le premier pas qui compte pour que ce soit ensuite 2 ou 3 euros... Tout comme il en a été du forfait hospitalier -prétendu "modeste" lorsqu'il fut instauré par un gouvernement socialiste- maintenant à 13 euros par jour, et qui sera encore majoré d'1 euro cette année pour passer d'ici 2006 à 16 euros! Haro aussi sur les retraités qui devront subir une augmentation de la CSG de 0,4%! Pour éviter une augmentation générale de cotisation de tous les assurés sociaux, avait prétendu le gouvernement. Mais tous les salariés verront la base de leur cotisation passer de 95 à 97% du salaire. Si ce n'est pas une augmentation pour tous, qu'est-ce que c'est!

Raffarin et Douste Blazy disaient vouloir faire participer tout le monde au comblement du déficit... Mais la contribution des entreprises, appelée la C3S, ne sera majorée que de 0,03%, soit treize fois moins que celle des retraités! En réalité -et il faudrait être aveugle pour ne pas le voir- c'est essentiellement à nous travailleurs que l'on veut faire combler le trou que le patronat, le gouvernement, les trusts de la pharmacie et les marchands de matériel médical ne cessent de creuser.

Il faut que nous soyons nombreux dans la rue le samedi 5 juin, toutes corporations et toutes catégories confondues, du secteur public comme du secteur privé. Pas pour s'en tenir là et attendre que, les vacances aidant, le projet gouvernemental passe ensuite sans douleur. Mais pour que nous, travailleurs, qui avons le pouvoir de tout faire tourner mais aussi de tout bloquer dans ce pays, nous nous préparions à en faire usage. Pour donner un véritable coup d'arrêt à la politique Raffarin, Seillière et consorts.

Voter aux élections européennes pour les listes communes de Lutte Ouvrière et de la Ligue Communiste Révolutionnaire ce sera aussi dans ce contexte, le meilleur moyen de compter ceux qui sont décidés à porter le combat sur le seul terrain où nous, travailleurs, nous sommes les plus forts. Plus nous serons nombreux à le faire et mieux nous serons entendus.

Éditorial des bulletins d'entreprises L'Étincelle, du lundi 31 mai 2004, publié par la Fraction

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