Peugeot-Citroën Aulnay (Seine-Saint-Denis) : Quatre jours de grève au nettoyage03/06/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/06/une-1870.gif.445x577_q85_box-0%2C16%2C161%2C224_crop_detail.png

Dans les entreprises

Peugeot-Citroën Aulnay (Seine-Saint-Denis) : Quatre jours de grève au nettoyage

À l'usine Citroën d'Aulnay-sous-Bois, le nettoyage des locaux est sous-traité à la société ENCI où, comme dans toutes les sociétés de nettoyage, les salaires sont très bas, le travail difficile et insalubre, parfois dangereux, avec des horaires pour le moins usants.

Dans l'équipe de nuit, les 35 heures, c'est cinq nuits à 5 h 30 plus une journée à huit heures, le samedi ou le dimanche. Et ces 35 heures ne sont même pas inscrites dans le contrat de travail.

Depuis plusieurs mois, dans l'équipe de nuit, les ouvriers étaient mécontents et se posaient le problème de faire grève si rien ne changeait. Leurs revendications étaient: le treizième mois, 100 euros d'augmentation de salaire, la reconnaissance des 35 heures sur leur contrat de travail.

Lundi 25 mai, les ouvriers de cette équipe, qui travaillent pour la plupart en Peinture, ont appelé la direction pour qu'elle donne des réponses à leurs revendications. Leur directeur n'ayant pas voulu se déplacer, les 25 ouvriers présents ont voté la grève à main levée et à l'unanimité. En tout, il y a eu 28 grévistes sur les 30 ouvriers que compte l'équipe.

Le lendemain la direction d'ENCI proposait aux grévistes 3% d'augmentation et une prime de treizième mois pour 2005, sans s'engager par écrit! C'était déjà un sérieux recul. Mais les grévistes, trouvant cela insuffisant et pas assez clair, décidaient de poursuivre la grève.

Malgré le barrage de la direction et autres tentatives d'intimidation, les grévistes, soutenus par les militants CGT de Citroën, sont partis au Montage, le plus gros atelier de l'usine, où beaucoup d'entre eux n'avaient jamais mis les pieds, en scandant: "Augmentez nos salaires!"

Leur grève rencontra la sympathie des ouvriers des chaînes. À la prise de parole des syndicats, beaucoup sont restés à écouter les militants et ont tenu à montrer leur solidarité.

Le mercredi 27 mai, les travailleurs en grève retournèrent au Montage, au grand dam de la direction qui, avec dix gardiens, tenta de faire sortir les grévistes de l'usine. Encore une fois ceux-ci résistèrent à la pression, disant au directeur qu'ils ne se laisseraient pas intimider et qu'on ne les empêcherait pas de continuer la grève. Ils en profitèrent pour dire tout ce qu'ils avaient sur le coeur et dénoncer leurs conditions de travail.

Le lendemain la direction, qui craignait plus que tout la contagion, interdit l'accès de l'usine aux grévistes en bloquant leurs badges magnétiques. Du coup, ceux-ci restèrent toute la nuit sur le parking et dans un abri salle d'attente. La grève se voyait donc encore plus, d'autant que les grévistes distribuèrent un tract dénonçant le lock-out et reflétant leur volonté encore plus grande de continuer.

La direction d'ENCI a donc dû finir par céder sur presque toutes leurs revendications: un treizième mois en 2005, 350 euros en plus sur la prime de fin d'année, 3% d'augmentation de salaire, la modification de leur contrat comme ils le réclamaient, le paiement des jours de grève et une nuit en plus à la maison, payée par le patron, qui avait sans doute peur que les grévistes fassent le tour de l'usine pour annoncer leur victoire!

Depuis bien longtemps il n'y avait pas eu à l'usine une telle grève, faisant reculer aussi nettement la direction. En se montrant, en restant unis du début à la fin, en décidant entre eux de la façon de mener la grève, les travailleurs d'ENCI ont montré qu'il était possible de faire céder leur direction et, derrière elle, PSA.

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