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Leur société
EDF-GDF : Manifestations et coupures contre le changement de statut
La journée du 15 juin a été marquée à EDF-GDF par une série de manifestations dans tout le pays ainsi que par des actions diverses, dont des coupures de courant dites "ciblées" un peu partout, notamment aux domiciles de certains parlementaires.
La manifestation parisienne a rassemblé environ 3000 personnes ce qui représente à peu près 10% de l'effectif pour Paris et la banlieue.C'est loin d'être négligeable, mais c'est moins que la journée précédente qui s'était déroulée dans les mêmes conditions (journée nationale avec manifestations régionales), celle du 8 avril.
Selon la direction les grévistes étaient 33% dans le pays, et 40% à Paris. Toutefois certains secteurs ont dépassé les 80%. En dehors de ceux qui se sont mis en grève le 15, deux centres sont en grève en région parisienne: Clamart et Chatou qui sont deux centres R&D (Recherche et développement).
À Clamart (environ 2300 salariés) une assemblée générale de 250 à 300 personnes a voté, lundi 14, le principe de la grève reconductible tous les jours. Ce jour-là, il y avait un piquet de grève de plus de cent travailleurs. Malgré tout, la grève est minoritaire, et chacun peut choisir sa durée, à condition que ce soit deux heures minimum.
Clamart est le "fief" du syndicat Sud-Énergie (très minoritaire par ailleurs à l'échelle d'EDF-GDF). Mais ce ne sont pas seulement les militants de Sud qui sont à l'origine de la grève, ceux de la CGT locale s'y sont mis tout autant.
À Chatou, lui aussi R&D, sur 550 salariés, une assemblée de 80 personnes a également décidé le principe de la grève reconductible de deux heures par jour.
Des militants de Clamart ont été rendre visite à d'autres centres EDF ou encore au CNEN (Centre d'études nucléaires).
Lors de la manifestation parisienne, un incident significatif a eu lieu. La camionnette sono de Sud se trouvait en fin de cortège et elle diffusait des slogans et des appels à généraliser la grève reconductible. Lorsque les militants de Sud, essentiellement de Clamart, ont voulu rejoindre les rangs de leurs collègues de la CGT de Clamart, le service d'ordre de la CGT -aidé pour la circonstance de celui de FO- a fait barrage et empêché la jonction. La camionnette sono a aussitôt dénoncé cela par haut-parleur, et de nombreux militants CGT -dont ceux de Clamart- ont joint leurs protestations à ceux de Sud. En fin de compte ce sont les militants CGT de Clamart qui ont quitté leurs rangs et rejoint leur camarades de Sud. Cela en dit long sur la crainte des dirigeants cégétistes aux mots de "grève reconductible"!
Par ailleurs, les coupures de courant font plaisir à tout le monde, surtout lorsqu'on apprend que ce sont Raffarin ou Seillière qui en ont été victimes. Mais, en région parisienne du moins, ces actions sont le fait de petits groupes de militants et le principe n'en n'est pour ainsi dire jamais décidé en assemblée générale, à l'exception notable du RTE de Saint-Denis, ceux des lignes à haute tension qui ont bloqué les trains de la gare Saint-Lazare récemment.
Finalement ces coupures permettent d'entretenir une agitation et il y a des initiatives locales diverses et variées. Ainsi, pour la région parisienne, le lendemain de la manifestation EDF-GDF du 15, un rassemblement était prévu devant le siège de Gaz de France... Mais toutes ces actions, qui dans l'ensemble sont plutôt bien accueillies par le personnel, aboutissent aussi à éparpiller le mouvement et à "gérer" le mécontentement au jour le jour.
En effet, après avoir proposé une série de journées d'actions et de manifestations ces derniers mois, les fédérations syndicales n'offrent plus aucune perspective. De plus en plus, les dirigeants et militants de la CGT disent que ce qu'il faut maintenant, c'est agir au niveau des parlementaires, des maires, des usagers.
Pourtant les grèves de Clamart et de Chatou, aussi limitées soient-elles, montrent qu'une autre politique serait sans doute possible, à condition de travailler à redonner progressivement le moral aux travailleurs. Les petites coupures "ciblées" créent beaucoup d'émoi. On imagine la force des travailleurs s'ils décidaient de faire les choses en grand et surtout tous ensemble.
Seulement ce sont les directions syndicales qui sont le plus absentes. Elles donnent l'illusion de faire quelque chose, alors quelles ne proposent rien de sérieux, et elles s'appuient sur la majorité des travailleurs qui, pour le moment, se satisfont de cette situation.
Et pendant ce temps-là parlementaires et patrons préparent méthodiquement le changement de statut d'EDF et GDF et la future ouverture du capital.