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- Lutte ouvrière n°1880
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Leur société
Centres de rétention : Des taudis avant l’expulsion!
Un rapport, encore un, sur la situation des centres de rétention administrative met de nouveau en lumière les conditions dans lesquelles sont hébergés les étrangers en situation irrégulière ou en attente de régularisation ou d'expulsion. Il existe en France 25 centres de ce type, mais seulement sept d'entre eux répondent aux normes minimales d'équipement et de confort édictées en 2001 par l'État lui-même.
Depuis les lois Sarkozy, qui ont aggravé la répression contre les sans-papiers, on peut être détenu dans ces centres de rétention 32 jours au lieu de 12 auparavant. Du coup, ils sont encore plus saturés. Les chambres sont surpeuplées et, bien souvent, il n'existe pas d'espaces permettant aux familles de rester ensemble. À Marseille, les femmes sont logées à part mais sans espaces collectifs. Elles sont obligées de rester dans leur chambre quasiment en permanence, même pour les repas. La situation est plus grave encore dans les DOM-TOM: ainsi, à Cayenne, en Guyane, les détenus n'ont pas de matelas pour dormir!
Outre le problème de la surpopulation, les centres manquent d'équipements indispensables: accès aux soins, téléphone, salle de loisirs ou même espace de promenade. Les locaux, mal entretenus, ne sont absolument pas prévus pour une telle utilisation. Ces conditions de vie alimentent dans ces centres un climat de désespoir mais aussi de violence contre les plus faibles, contre les femmes, ou entre communautés.
Ce traitement, imposé à des gens qui n'ont pas commis d'autre délit que celui de fuir la misère ou les affrontements armés dans leur pays, est inhumain. D'après le président de la Cimade, association d'aide aux étrangers, «si le comité européen contre la torture se rendait dans certains centres, la France serait condamnée». Le ministère de la Cohésion sociale prépare un décret instaurant de nouvelles normes d'équipement de ces centres. Sauf que le précédent décret, celui de 2001, n'est toujours pas appliqué aujourd'hui. Alors, qu'attendre du suivant?
Le gouvernement parque les sans-papiers dans de véritables prisons-taudis et multiplie les expulsions, y compris celles d'enfants ou de gens menacés de mort dans leur pays. Dans les cars de police qui les transportent du centre de rétention à l'aéroport d'où ils vont être expulsés, ces hommes et ces femmes peuvent lire sur le fronton des établissements publics les mots «Liberté, Égalité, Fraternité». Des mots, rien que des mots!