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Incendie de Saint-Denis (93) : Victimes de la politique de rentabilité d'EDF
Dans la nuit du mardi 17 août, un incendie a ravagé un appartement situé Carrefour Pleyel à Saint-Denis, en région parisienne, provoquant la mort d'une fillette de 6 ans et de son père qui avait tenté de la sauver. La famille, démunie, ne pouvant plus payer ses factures avait été privée de courant, par EDF, le 12 août dernier. Les quatre enfants avaient peur du noir et demandaient de la lumière. C'est une bougie laissée allumée qui a provoqué l'incendie.
Depuis plusieurs mois, la direction d'EDF multiplie les coupures de courant à Saint-Denis et dans les environs, dans un but de rentabilité à l'image de ce qui se passe dans le reste du pays. Ainsi en dix jours au mois de mai, elle a pratiqué 900 interventions. À la suite de quoi, des militants de plusieurs organisations politiques et syndicales se sont regroupés autour de militants de l'Apeis (une association d'aide aux chômeurs) pour agir contre cette situation. Ces militants avaient d'ailleurs rencontré la direction d'EDF à plusieurs reprises, et avaient souligné les dangers que couraient les familles privées d'électricité, contraintes de faire appel à d'autres moyens plus dangereux pour se chauffer, cuisiner ou s'éclairer. Il y a sept ans déjà, deux petites filles avaient trouvé la mort de manière identique dans un logement du centre ville de Saint-Denis. Mais cela n'a pas modifié l'attitude d'EDF.
Un représentant de la direction est même allé jusqu'à déclarer qu'il n'était pas là pour faire du social.
La direction d'EDF affirme qu'elle a tout fait pour cette famille et qu'elle lui a fourni pendant un an un service de maintien d'énergie à 3000 watts, alors qu'on sait qu'un lave-linge consomme 3000 watts, qu'un chauffe-eau électrique en consomme 1800! L'étape suivante consiste à réduire le courant à 1000 watts, puis à le couper définitivement. Et c'est bien ce qu'EDF a fait le 12 août. Tout cela pour 1700 euros de dettes.
Des salariés d'EDF dénoncent également cette spirale infernale et réclament une véritable politique sociale d'EDF. Ils font déjà remarquer qu'EDF ne propose pas systématiquement un échelonnement de la dette (très souvent, EDF refuse la mensualisation à des familles dont la consommation électrique est jugée trop faible). C'est souvent une fois le service minimum installé que des négociations s'engagent et parfois même seulement quand le courant est coupé. C'est d'ailleurs pour cela que des agents refusent parfois de couper le courant, invoquant par exemple la présence d'un chien méchant ou de tout autre obstacle. Mais de telles attitudes sont passibles de sanctions. Dans le cadre de la protestation contre le changement de statut d'EDF, certains agents avaient même dernièrement remis le courant chez des gens pour affirmer qu'ils refusaient de voir leur entreprise publique se transformer en machine à profit. Le drame de Saint-Denis montre à quoi peut mener la recherche de rentabilité à tout prix.