D'après l'Insee, l'Institut national de la statistique, les salaires des femmes auraient rattrapé une partie de leur retard sur celui des hommes. En 1950, les femmes percevaient en moyenne les 2/3 des salaires masculins, soit 33% de différence. En 2000, 50 ans après, cet écart aurait diminué mais serait encore de près de 20%. La course vers l'égalité des salaires est donc une course lente, sans même qu'on puisse apercevoir l'arrivée, puisque depuis 1994, toujours d'après les chiffres de l'Insee, l'écart ne diminue nullement, et stagne autour de ces 20%.

Mais les chiffres de l'Insee ne disent pas encore toute la vérité. Celle-ci compare des salaires théoriques, des salarié(e)s qui travailleraient tous à temps complet, tout au long de l'année, ce qui ne correspond pas à la réalité. En effet le temps partiel -choisi, ou le plus souvent, imposé- touche infiniment plus les femmes que les hommes. Et lorsque l'on compare les salaires effectivement perçus dans l'année, comme l'a fait le mensuel Alternatives Economiques, toujours à partir des chiffres de l'Insee, l'écart moyen entre hommes et femmes atteint en fait les 40%! Chez les ouvriers, il est même de 45%, soit presque du simple au double.

On retrouve partout cette discrimination faite aux femmes par les revenus: même parmi les hauts cadres, les femmes dirigeantes de sociétés se plaignent de ne toucher que des revenus amputés de plus de 30% par rapport à leurs homologues masculins. Mais c'est le cas aussi, et de manière évidemment beaucoup plus dramatique, parmi la population la plus pauvre: le chômage est proportionnellement plus important chez les femmes que chez les hommes, et parmi ceux qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, la population féminine est majoritaire. Et on pourrait multiplier ce genre de statistiques.

Alors, que valent les recommandations gouvernementales sur la réduction des inégalités, les accords signés par diverses branches patronales sur l'égalité des salaires, les innombrables déclarations de principe des uns et des autres sur la fin des discriminations faites aux femmes?