Allemagne - La (nouvelle) : Déroute électorale du SPD23/09/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/09/une1886.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne - La (nouvelle) : Déroute électorale du SPD

Les élections régionales qui ont eu lieu dimanche 18 septembre dans les Länder de Saxe et du Brandebourg (situés dans l'est de l'Allemagne) se sont à nouveau soldées par un recul du Parti Social-Démocrate au pouvoir (SPD). Dans le premier, il n'obtient plus que 9,8% des suffrages, reculant encore de 0,9%. Dans le second, il demeure le premier parti mais perd 7,4%. Ces scrutins ne font que confirmer celui qui s'est tenu dans la Sarre deux semaines plus tôt, où le SPD avait reculé de 13,5%, dans un Land qui fut longtemps un de ses bastions.

Ce désaveu renouvelé, qui s'est déjà exprimé dans toutes les élections qui ont eu lieu depuis la réélection du chancelier Gerhard Schröder en 2002, est l'expression du mécontentement profond qui perdure envers les attaques antiouvrières gouvernementales. C'est le cas en particulier de la réforme de l'allocation chômage, contre laquelle se poursuivent les "manifestations du lundi" depuis la fin juillet. Car c'est à l'est du pays que sont concentrés les deux tiers des chômeurs de longue durée, menacés d'une diminution de leurs revenus dès janvier 2005. Et il est notable que, dans ces deux Länder, la CDU, le grand parti de droite dans l'opposition, recule. Elle est aussi éclaboussée par son soutien à l'élaboration des attaques gouvernementales. D'ailleurs, jusqu'ici, c'est une coalition SPD-CDU qui dirigeait le Brandebourg, c'est dire que ces deux partis n'ont pas vraiment de politique antagoniste.

Dans ces élections, le désaveu s'est également exprimé par l'abstention, qui augmente partout. Mais il se traduit aussi par une progression du PDS, ce parti héritier de l'ancien parti stalinien au pouvoir en RDA et essentiellement implanté dans l'est du pays. Il passe de 22,2% à 23,6% en Saxe et surtout de 23,3% à 28% dans le Brandebourg. Si l'on considère les "premières voix" (chaque électeur a deux voix, la première pour élire un député par circonscription, la seconde pour voter pour un parti sur un scrutin de liste), le PDS devient même le premier parti dans le Brandebourg, avec 32,1% des voix.

Mais l'autre résultat significatif est aussi la progression de l'extrême droite qui, au-delà de ses thèmes habituels contre l'immigration, a aussi fait campagne contre la politique du gouvernement. Elle obtient des élus dans les deux Länder: l'Union Populaire Allemande (DVU) atteint 6,1% des voix dans le Brandebourg et le Parti National-Démocrate (NPD) 9,2% en Saxe. Une des raisons de cette percée est que, pour la première fois depuis longtemps, les différentes formations d'extrême droite avaient passé un accord tacite pour ne pas se présenter les unes contre les autres.

Mais cela n'explique pas tout. Une partie des voix de l'extrême droite semblent provenir d'électeurs s'étant détournés de la CDU, qui est en recul. Mais, en menant une politique antipopulaire brutale, le SPD a aussi contribué à discréditer les idées de gauche auprès d'une partie de l'électorat et à donner un nouveau crédit à l'extrême droite. Pour l'instant, celle-ci ne dispose que de peu de troupes. Mais en laissant la population, en particulier celle d'Allemagne de l'Est, désorientée, en ne lui proposant aucune perspective réelle de lutte contre l'aggravation de la situation, les syndicats ont aussi leur responsabilité dans le renforcement de l'extrême droite, qui pourrait apparaître alors comme la seule à proposer des solutions radicales. La centrale syndicale DGB a, par exemple, refusé d'appeler à la manifestation centrale prévue à Berlin le 2 octobre, contre les réformes gouvernementales. Deux autres responsables syndicaux, dont celui de la métallurgie, viennent, de leur côté, de faire des offres de services à Schröder pour aménager ses réformes... et donc mieux les faire accepter. C'est une attitude qui est pleine de danger et ne peut que contribuer au renforcement des partis néonazis, et peut-être pas seulement dans les urnes.

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