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Leur société
Budget 2005 : La grosse dette qui monte, qui monte
Sarkozy affirme que son projet de budget 2005 va s'attaquer à la dette colossale de l'État. Il est vrai que depuis plus d'une vingtaine d'années les gouvernements successifs ont accumulé les emprunts et que l'endettement est devenu considérable. Actuellement, la dette d'État est de l'ordre de mille milliards d'euros -près de quatre fois son budget annuel- auprès des marchés financiers, c'est-à-dire prêteurs, à commencer par les banques.
Le budget préparé par Sarkozy va-t-il améliorer la situation? Pas vraiment. Il prévoit pour 2005 un nouveau déficit, et donc un nouvel appel aux marchés financiers, d'un montant de 45milliards d'euros. C'est 10milliards de moins que l'an dernier, certes, mais ce n'est qu'une prévision. Et même si elle se vérifiait, la dette publique va continuer à monter et les caisses de l'État -c'est-à-dire donc les porte-monnaie des contribuables et des consommateurs- vont continuer à verser plusieurs milliards d'euros par an aux banquiers et accessoirement aux rentiers de tout poil. Et ces dépenses, par définition improductives, ne sont pas modiques puisque le remboursement de la dette est devenu le deuxième poste de dépense de l'État, juste après l'Éducation nationale!
Pour arriver à établir un compte 2004 et un budget 2005 à peu près présentables, Sarkozy a dû vendre un bon paquet des actions de France Télécom détenues par l'État (pour plus de 5milliards d'euros) et prévoit de réclamer une somme au moins aussi grosse à EDF pour intégrer les salariés de cette entreprise dans le régime commun de l'assurance vieillesse.
On ne peut pas dire que ces deux mesures constituent des économies.
Les différents pays de l'Union européenne ont fixé des limites pour que leur déficit annuel et leur endettement ne deviennent pas incontrôlables. Le déficit annuel de chaque pays européen ne doit pas dépasser 3% de la richesse produite dans le pays (le PIB) et l'endettement total doit rester en dessous de 60% du même PIB. Mais en 2004, le déficit français atteignait 3,6% du PIB et l'endettement près de 65%. L'an prochain, avec un déficit prévu à 3%, l'endettement de la France dépassera les 65% du PIB, c'est-à-dire qu'il restera hors des limites fixées.
L'État français, comme ses pairs européens, dépense des centaines de milliards d'euros pour aider «l'économie», façon pudique de parler des actionnaires qui tirent profit de cette économie. Il le fait par des subventions et des dégrèvements de charges qui l'amènent à emprunter sans arrêt aux banques et aux institutions financières. Mais comme il n'a pas l'intention d'abandonner cette politique, il entraîne toute la population, les générations d'aujourd'hui et celles de demain, dans une spirale d'endettement au profit des prêteurs, auxquels on verse chaque année des intérêts qui se chiffrent en milliards d'euros et qui sont autant de milliards tirés en dernière analyse de l'exploitation des travailleurs.