Angers (Pays-de-la-Loire) : La gauche vole au secours de l'université catholique10/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1893.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Angers (Pays-de-la-Loire) : La gauche vole au secours de l'université catholique

La Catho (université catholique de l'Ouest) est une institution à Angers. Elle scolarise plusieurs milliers d'étudiants et fait concurrence à l'université d'État, proposant des formations en électronique, langues appliquées ou en sciences de l'éducation, pour ne citer que celles-là, que le public ne propose pas. Elle bénéficie de subventions en tout genre, de l'État (4,6 millions d'euros par an), de la région des Pays-de-la-Loire (4,4 millions d'euros en 15 ans pour les investissements), du département du Maine-et-Loire et de la ville d'Angers. Par ailleurs, les étudiants versent des frais de scolarité de l'ordre de 2500 à 3000 euros par an.

Précisons que la loi n'impose aucune obligation ni aucune interdiction aux collectivités locales pour le financement de l'enseignement privé supérieur. C'est uniquement dans le primaire et le secondaire qu'elles doivent financer le fonctionnement des établissements privés sous contrat, dont par ailleurs elles ne peuvent pas financer plus de 10% des investissements.

Mais malgré cet arrosage tous azimuts, la Catho est en déficit au niveau de son fonctionnement. Il lui manquerait un million d'euros. Eh bien, qu'à cela ne tienne, les collectivités locales vont mettre la main au portefeuille pour sauver cette vénérable institution. Et ce qui n'est pas banal, pour la première fois, la région des Pays-de-la-Loire va verser une subvention de fonctionnement, alors que jusque-là la région (à majorité UMP et présidée par François Fillon) refusait de le faire. Elle estimait que son aide devait se limiter aux investissements, pour lesquels elle était d'ailleurs très généreuse.

C'est bien la nouvelle majorité "de gauche" de la région qui a décidé d'innover et de verser une confortable subvention de fonctionnement à la Catho pour l'aider à surmonter ses difficultés. Par ailleurs Jacques Auxiette, président de la région Pays-de-la-Loire et maire PS de la Roche-sur-Yon, annonce que la région renouvellera ses subventions d'investissement.

Cette attitude complaisante de la "gauche" vis-à-vis de l'enseignement catholique n'est pas une nouveauté. La mairie PS d'Angers finance largement, au-delà des obligations légales, les écoles privées (en particulier les maternelles, qu'elle pourrait ne pas subventionner). Elle subventionne depuis longtemps la Catho. Et les conseillers généraux PS de Maine-et-Loire ont voté en 2001, comme un seul homme, les subventions pour les investissements "de sécurité" dans les collèges privés.

L'enseignement privé se porte bien dans l'Ouest, et en particulier en Anjou: plus de 70 communes n'ont pas d'écoles publiques. Depuis des années, les parents d'élèves de l'enseignement public réclament l'implantation d'un lycée public dans le sud-ouest du département, les Mauges. La région des Pays-de-la-Loire a toujours refusé cette implantation. Et la nouvelle majorité de "gauche" n'envisage toujours pas de construire ce lycée.

Pour parfaire le tableau, le syndicat CGT des personnels de la Catho se vante d'avoir contribué à convaincre la nouvelle majorité régionale de subventionner le déficit. Il revendique que les enseignants de la Catho soient payés par l'État et il se félicite de l'écoute exemplaire de la région: "La région nous traite mieux que la droite". On ne lui pas fait dire. Cette position qui scandalise les militants anticléricaux ou plus simplement partisans de la laïcité de l'enseignement risque de provoquer des remous, y compris à l'intérieur de la CGT du département.

C'est l'université publique qui fait les frais de ce financement de l'université catholique de l'Ouest par les fonds publics. Seuls les enfants des milieux favorisés peuvent suivre les cours de la Catho (à 3000 euros par an), ce qui revient à limiter l'offre de formation pour les étudiants de milieux populaires.

L'intérêt de la majorité de la population serait de réserver les financements publics au secteur public. L'attitude des partis de gauche des Pays-de-la-Loire est scandaleuse: il est vrai qu'ils sont des habitués de tous les reniements, y compris sur ce terrain de la laïcité qui fut pourtant longtemps leur cheval de bataille.

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