Executive Life : Le bon coup du milliardaire Pinault et le mauvais coût pour les contribuables!17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Executive Life : Le bon coup du milliardaire Pinault et le mauvais coût pour les contribuables!

Mardi 15 février devait s'ouvrir à Los Angeles (Californie) le procès civil d'Executive Life, cette compagnie d'assurances américaine rachetée, au début des années quatre-vingt-dix, par des hommes d'affaires français, des responsables du Crédit Lyonnais et de la mutuelle d'assurances Maaf, ainsi que le groupe Artemis du milliardaire François Pinault, propriétaire du groupe Printemps-La Redoute, qui contrôle également la Fnac et Conforama.

Le Crédit Lyonnais est accusé de ne pas avoir respecté la loi américaine qui interdit qu'une banque puisse détenir plus de 25% du capital d'une entreprise. Aussi le Crédit Lyonnais avait-il fait appel à la mutuelle d'assurance Maaf pour détenir les actions à sa place.

D'autre part, Executive Life détenait un portefeuille d'obligations à hauts risques. Au moment du rachat, elles étaient considérées comme de peu de valeur, mais elles ont fini par rapporter 2,5 milliards de dollars. Elles ont été cédées à Artemis (Pinault) qui, trois ans plus tard, rachetait Executive Life, rebaptisée depuis Aurora. Pour les dirigeants du Crédit Lyonnais, c'était "un bon coup"... fait sur le dos des 300000 assurés d'Executive Life. Là aussi, les responsables du Crédit Lyonnais avaient contourné la loi.

Le procès doit donc démontrer qu'il y a eu fraude. Si c'est bien le cas, le département des assurances de Californie réclamera la restitution des bénéfices, avec les intérêts depuis le début de cette affaire, soit un total de 3,7 milliards de dollars, auxquels pourrait s'ajouter des dommages et intérêts très élevés.

Aux dernières nouvelles, un compromis serait intervenu. Le procés serait annulé, moyennant finances bien sûr. Quoi qu'il en soit, cette somme viendra s'ajouter à celles déjà versées par les affairistes français pour échapper au procès pénal. Cette tractation avait permis au PDG du Crédit Lyonnais, Peyrelevade, de ne pas se retrouver dans le box. Les accusés avaient dû régler 771,5 millions de dollars. Pour sa part, le principal bénéficiaire de toute cette affaire, Pinault, n'avait alors acquitté que 185 millions de dollars, le plus lourd tribut (475 millions) étant à la charge... de l'État, et donc des contribuables français. Même si, au début du procès actuel, il a dû repasser à la caisse pour 80 millions supplémentaires, afin qu'Aurora, la société issue d'Executive Life, ne soit pas mise en cause, on reste très loin des bénéfices qu'il a tirés de cette spéculation.

Dans le monde capitaliste, ces "coups" financiers sont d'autant meilleurs pour les patrons du privé, ici François Pinault, qu'en cas de problèmes, le "mauvais coût" de cette opération est pris en charge, pour l'essentiel, par l'État, responsable pénal et financier des mécomptes du Crédit Lyonnais. Après tout, puisque, paraît-il, Chirac est l'ami de Pinault, il faut bien que cela serve à quelque chose.

En attendant, c'est une illustration de plus du fait que privatiser les profits et nationaliser les pertes est depuis toujours la nature même du capitalisme.

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