- Accueil
- Lutte ouvrière n°1912
- Référendum : La réponse à une question, ça peut être oui... ou non!
Leur société
Référendum : La réponse à une question, ça peut être oui... ou non!
La publication coup sur coup de deux sondages donnant le «non» gagnant au prochain référendum du 29 mai sur la Constitution européenne a jeté la panique chez les leaders politiques de l'UMP et de l'UDF comme à la direction du PS. Ce ne sont là que des sondages, mais celui de l'institut CSA puis celui d'IPSOS plaçaient le «non» à 51% et à 52%.
Si l'on en croit toujours ces sondages, ce serait le basculement de l'électorat de gauche en faveur du «non» qui expliquerait ce brusque revirement dans l'opinion.
Du coup, du côté de Hollande, Strauss-Kahn, Lang ou de leurs amis au PS, la fébrilité était des plus visibles. Le premier secrétaire du PS, apparu quelques jours plus tôt à la Une de Paris-Match au côté de Sarkozy, en a appelé cette fois à Chirac. «Dès lors, a-t-il dit, qu'il est lui-même le négociateur et le signataire du texte, il a à le présenter et à le défendre devant les Français». Puis Hollande a ajouté:« Il ne faut pas confondre les genres. En 2007, c'est le grand choix pour le pays, en 2005 c'est le choix pour l'Europe». Mais pourquoi donc le choix «pour l'Europe» devrait-il se traduire nécessairement par un vote pour cette constitution-là, concoctée sous la houlette de Giscard d'Estaing?
Si les milieux populaires choisissent de se servir du référendum pour dire, au moyen du vote «non», ce qu'ils pensent de tous ceux qui leur assènent des coups et leur font subir les licenciements, la précarité, la baisse du niveau de vie, la mise à mal des services publics, eh bien les responsables présents et passés de cette politique n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes.
Devant les sondages pour eux calamiteux, les partisans du «oui» prétendent que les citoyens n'ont pas compris, qu'ils confondent tout, mélangent tout, se trompent de problème. Pour eux, la «démocratie», c'est quand les citoyens les approuvent!
Chacun des sondés qui a pris parti pour le «non» avait sans doute ses propres raisons, sur lesquels les sondages sont muets. Mais qu'une partie croissante de l'électorat de gauche ait envie de dire «non» à cette constitution qui légitime l'exploitation capitaliste et conforte des aspects particulièrement réactionnaires, en multipliant des références à l'héritage religieux de l'Europe, ou en refusant de défendre le droit des femmes à l'IVG, est somme toute logique.
Et que le camp du «non» compte aussi dans ses rangs des dirigeants politiques qui sont de fieffés réactionnaires ne change rien à la chose.
Alors, bien évidemment, la victoire éventuelle du «non» ne réglerait en rien le sort des classes populaires. Car, avec ou sans constitution européenne, les attaques patronales et gouvernementales continueront.
Certes, les vrais combats, ceux capables d'inverser véritablement le cours des choses, qui permettront de prendre sur les gigantesques profits accumulés pour garantir un emploi et un salaire correct à tous, se mèneront dans la rue et les usines. Mais en attendant, le désarroi qui s'est emparé de politiciens de droite ou de gauche partisans du «oui» est assez réjouissant.