Lundi 4 avril, France 2 a accouché du classement des cent plus grands Français de tous les temps, une émission de télévision empruntée à la Grande-Bretagne et qui a déjà sévi dans plusieurs pays, dont l'Allemagne. Cette émission utilisait tous les ingrédients de la télé-réalité, poussant notamment les téléspectateurs à participer à la phase finale du classement, avec cependant une dose de prétention supplémentaire, car il s'agissait, nous expliquait-on, de rien moins que de revisiter le «patrimoine national».

En pratique, les téléspectateurs étaient invités à choisir les dix premiers d'une liste de cent noms en votant par téléphone (surtaxé), SMS ou internet. Par ici la bonne soupe donc... Quant au «patrimoine», l'émission mettait benoîtement sur le même plan personnages historiques, politiciens, écrivains, scientifiques, comédiens, chanteurs, sportifs et comiques, de Marie Curie à Soeur Emmanuelle, de Balzac à Balavoine et Coluche, de Nicolas Hulot à Jeanne d'Arc, etc.

Pourquoi tenir à effectuer un classement entre les «plus grands Français», si ce n'est pour ne pas sortir du chauvinisme et du conformisme ambiant?

Dans cet inventaire à la Prévert (classé quarante-huitème) on a même trouvé à la quatre-vingt-quatrième place (devant Rimbaud et Baudelaire) Michel Drucker soi-même, présentateur par ailleurs de l'émission!

Alors, conformisme pour conformisme, le «plus grand Français» choisi a été finalement... le général de Gaulle, dont chacun sait qu'il était en effet grand... par la taille.

Dans le fameux «PAF», le paysage audiovisuel français, la palme de l'émission la plus imbécile est certainement difficile à décerner, mais celle-là mérite sûrement une des premières places.