CHU – Nancy (54) : Les dégâts de la «nouvelle gouvernance»02/06/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/06/une1922.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

CHU – Nancy (54) : Les dégâts de la «nouvelle gouvernance»

Comme bien des hôpitaux, le Centre hospitalier universitaire de Nancy reporte d'une année sur l'autre une partie de ses dépenses et cumule d'année en année le déficit (20 millions d'euros en 2004). En lui attribuant un budget insuffisant, le ministère et l'Agence régionale d'hospitalisation (ARH) l'étranglent peu à peu, ce qui permet de justifier ensuite les restrictions qui sont de plus en plus draconiennes.

C'est l'ancien directeur de l'ARH des Pays-de-Loire qui a pris la direction de ce CHU de plus de 8000 salariés, pour mettre lui-même en application les mesures d'austérité qu'il revendique. Cet énarque ne voit dans l'hôpital qu'une «entreprise» et son programme affiché est de «concilier hôpital et économie», ce qui signifie en clair faire des économies sur l'hôpital.

Ainsi, le directeur de l'Hôtellerie et de la Logistique vient de demander à ses collaborateurs de lui soumettre des propositions d'économies dans leurs secteurs, leur suggérant carrément le recours à la sous-traitance, le non-remplacement de départs en retraite, l'anticipation des fermetures de sites, et des investissements générant des économies de personnel.

Cette politique a causé cette année la mort de deux employés du CHU. Dans la nouvelle blanchisserie qui a été ouverte à l'hôpital Brabois au début de l'année, avec une vingtaine de postes en moins, la mise en service d'installations qui n'étaient pas au point, dans des conditions de sécurité désastreuses, a provoqué la chute mortelle d'un agent. La cuisine de l'hôpital d'enfants a été remplacée en mars par une chaîne froide, avec bien moins de personnel, et le mois dernier un cuisinier âgé de 35 ans a eu un malaise cardiaque alors qu'il travaillait seul pendant le week-end; découvert trop tard, il n'a pas pu être sauvé.

Dans les services soignants, à cause de la surcharge de travail, c'est la course. Les pauses, le temps de repas sont bien souvent devenus symboliques. Ayant déjà des horaires difficiles, le personnel est aujourd'hui à bout de nerfs.

Plusieurs centaines de lits ont été fermés ces dernières années et dans les services des lits servent «d'hébergement» -c'est la formule employée- pour les malades qui n'ont pu être accueillis là où ils auraient dû être soignés. Des patients doivent attendre des mois pour des examens.

Depuis plus d'un an, l'hôpital d'adultes de Brabois ne fait plus les urgences, qui sont maintenant regroupées dans l'hôpital du centre-ville, où elles sont à la limite de la saturation. Pour la périphérie de l'agglomération nancéienne, c'est une clinique qui va bientôt assurer l'accueil des urgences: ainsi les urgences ont été retirées à l'hôpital public pour être confiées au privé, qui drainera une «clientèle» supplémentaire et bien entendu pourra toujours diriger les malades non rentables vers le CHU!

Peu à peu, délibérément, l'hôpital est rendu incapable d'assurer sa mission de service public, ce qui ouvre de plus en plus la voie au privé... pour ceux qui peuvent payer!

Partager