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Leur société
J.O. : Paris hors jeux
En dépit des efforts des chaînes de télévision, des radios, des grands journaux, qui nous ont infligé une overdose d'olympisme saupoudrée de chauvinisme (ce qui est curieux pour une manifestation dont on nous dit qu'elle est destinée à cultiver l'amitié entre les peuples), les Jeux 2012 seront donc londoniens. Les amateurs de spectacle sportif n'ont rien à regretter: ils ne seront même pas pénalisés par le décalage horaire. Par contre, on peut se dire que pour un pays qui, selon son ministre de l'Économie, «vit au-dessus de ses moyens», les milliards engloutis pour assurer la promotion de la candidature française, sur les Champs-Élysées et ailleurs, auraient pu être employés à des fins plus utiles.
Les défenseurs du projet «Paris 2012» assuraient que celui-ci aurait permis de créer des milliers d'emplois. Peut-être, mais loin des deux millions et demi qui manquent, et emplois pour combien de temps? Les Jeux de Barcelone en 1992, les expositions universelles de Séville et de Lisbonne avaient certes permis à quelques milliers de travailleurs de trouver une embauche dans le bâtiment. Mais les chantiers terminés, les mêmes se sont retrouvés au chômage. En revanche, les profits réalisés par les promoteurs ou les entreprises du bâtiment ne se sont pas évanouis la fête finie.
Et puisqu'il y avait, pour ces jeux à Paris, la possibilité d'investir dans la construction de logements, d'équipements sociaux, pourquoi cela ne serait-il pas possible en dépit du verdict de Singapour?
Évidemment, les grands patrons qui se disaient prêts à mettre la main à la poche au nom du sport (et en escomptant de solides «retours sur investissements», comme ils disent) n'auront aucune envie de le faire parce que ce ne serait qu'utile à l'ensemble de la population. Mais c'est pourtant dans ces immenses profits accumulés sur le dos des travailleurs depuis des années qu'il faudra prendre pour doter ce pays d'équipements sociaux (logements, transports, hôpitaux, etc.) dignes du XXIe siècle.