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Leur société
La nouvelle porte-parole du Medef est arrivée : Les objectifs du patronat restent inchangés
Mardi 5 juillet, 561 «grands électeurs» chargés d'élire le nouveau porte-parole du Medef, qui regroupe quelque 750000 patrons français, petits et grands, ont désigné à la succession du baron Seillière la PDG de l'institut de sondage Ifop, Laurence Parisot. Si cette élection rajeunit (elle a 46 ans) et féminise une fonction jusqu'alors réservée à des hommes, c'est bien le seul changement. Pour le reste, le patronat ne change pas de discours.
Il y a des mois que la sélection de la nouvelle élue s'est faite dans le secret des instances dirigeantes du patronat. Il avait été question un moment du «tandem» formé par l'ex-PDG et ex-ministre Francis Mer et Guillaume Sarkozy, frère du ministre. Mais, peut-être par crainte d'une overdose de Sarkozy, le duo avait quitté la compétition.
La nouvelle élue présente quelques avantages. C'est une femme, elle est plus jeune que son prédécesseur et elle n'est pas baronne! Certains patrons trouvaient en effet que ce trait de la personnalité de Seillière, largement caricaturé, nuisait à l'image du patronat. Le jour de l'élection de sa remplaçante, Seillière s'en plaignait amèrement dans les colonnes du Figaro!
Cependant la nouvelle venue fait partie du sérail. PDG, fille et petite-fille de PDG, elle a hérité de l'entreprise paternelle, Optimum près d'Agen, leader de la porte de placard coulissante, tandis qu'elle détient personnellement 75% du capital du plus ancien institut de sondage du pays. Cela lui donne un profil «patronne de PME» ayant aussi un pied en province, mais, comme d'autres grands patrons, elle siège également dans le conseil d'administration de plusieurs grandes entreprises, Michelin, Havas et Eurodisney notamment. D'ailleurs, c'est par un membre d'une grande famille du patronat français, les Seydoux, qu'elle avait été choisie pour prendre la tête de l'Ifop. Il n'est donc pas étonnant dans ces conditions qu'elle soit devenue la favorite du comité exécutif du Medef, avec en plus le soutien personnel de poids lourds comme François Pinault (Printemps La Redoute) -comme lui, elle est proche des Chirac- ou Michel Pébereau (BNP Paribas).
Les patrons attendent d'elle qu'elle fasse passer «en douceur», c'est-à-dire sans réactions sociales, leurs exigences auprès de l'opinion comme auprès des gouvernants. Mais, comme son prédécesseur, elle pourrait n'être pas avare de formules à l'emporte-pièce. «La liberté s'arrête où commence le code du travail», avait-elle lancé devant une assemblée du Medef en janvier dernier. Elle a expliqué ensuite qu'on l'avait mal comprise, mais elle vient de récidiver en plaidant, le jour de son élection, pour la «réforme du code du travail», qui reste dans le collimateur du Medef.
Souhaitons que le patronat, au lieu de continuer d'enfoncer le monde du travail, récolte bien vite sa colère, car les travailleurs, soumis depuis trop longtemps à ses attaques, n'ont déjà que trop tardé à rendre les coups.