À ceux qui lui reprochaient d'en faire trop, Sarkozy a répondu cette semaine qu'il se couchait tous les soirs avec le regret de ne pas en avoir fait assez.

Dans sa course à l'Élysée, tous les bobards sont permis; mais si on épluche chacune de ses interventions médiatiques, il n'en reste pas grand-chose. Car Sarkozy a déjà un bilan en tant que premier flic de France, entre 2002 et 2004.

En contradiction complète avec ses promesses, le ministre Sarkozy a mené dans son domaine la même politique que ses collègues: tours de passe-passe sur les effectifs pour cacher leur baisse, fermetures de postes de police, budgets non pourvus. Ces pratiques touchent toutes les régions, y compris les cités dites «à risque» où Sarkozy avait organisé ses descentes médiatiques. Ainsi, de la promesse de 31 policiers en plus à Strasbourg en 2002, on se retrouve aujourd'hui avec... 63 postes en moins; à La Courneuve, où un enfant vient d'être assassiné et où Sarkozy vient de déployer son grand cirque, les effectifs ont baissé de 30% depuis 2002, etc.

En outre Sarkozy axe sa campagne sur le style cow-boy et dépouille les effectifs affectés à la prévention au profit des brigades d'intervention musclées, plus spectaculaires. Le résultat, c'est une dégradation générale de l'ambiance dans bien des quartiers, avec la réapparition d'infractions et d'«incivilités» que la prévention avait apaisées. L'exemple le plus spectaculaire est celui de Toulouse où le chef de la police avait été congédié par Sarkozy en 2003 sous prétexte qu'il faisait trop de «social». Depuis, la délinquance a progressé de 23% dans un quartier populaire de cette ville.

La société s'enfonce dans la misère et l'État se moque des conséquences qui en découlent pour les classes populaires. La politique répressive prônée par Sarkozy a montré son inefficacité, mais celui-ci s'en moque: en flattant les préjugés les plus réactionnaires, il espère assouvir ses ambitions personnelles quelles qu'en soient les conséquences.