Suite à la multiplication des réactions de passagers et à l'émotion suscitée par la catastrophe aérienne du Venezuela, le gouvernement français vient de publier une «liste noire» des compagnies aériennes.

La semaine dernière, le ministre des Transports Dominique Perben l'avait juré: «Les Français auront à disposition cette liste, de manière qu'il y ait une totale transparence.» Mais les cinq noms fournis par la DGAC (Direction générale de l'aviation civile) sont en fait ceux de compagnies interdites de vol ou d'atterrissage en France, et concernent des pays tels le Mozambique ou la Corée du Nord, dont le trafic est marginal à l'échelle mondiale, et dont les liaisons aériennes avec la France sont des plus réduites. Cela n'apprend donc pas grand-chose aux usagers quant à la fiabilité des compagnies qui restent autorisées. Ainsi, que penser d'une compagnie telle que Fly Air, dont les appareils ont eu des avaries à répétition cet été, au point que les passagers refusent d'y embarquer? Elle n'apparaît pas dans la liste gouvernementale. Les contrôleurs de l'aviation civile, quant à eux, disposeraient d'une liste d'une quarantaine de compagnies à risques. Le Figaro a même publié une liste de 37 compagnies «à éviter». Autant dire que le gouvernement a choisi de botter en touche.

Car le transport aérien doit avant tout être une source de profits pour les propriétaires de ces compagnies, petites ou grandes.

La «prudence» du gouvernement français s'explique avant tout par le souci de ne pas léser les intérêts économiques en jeu. Et la publication de cette «liste noire» n'est que de la poudre aux yeux, destinée à faire croire que le gouvernement fait quelque chose, le temps de l'émotion soulevée par une catastrophe et en attendant la suivante.