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- Lutte ouvrière n°1937
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Délices de Ninon - Malemort (Corrèze) : Faire payer les profiteurs pour maintenir les emplois
C'est pendant leurs congés annuels que la direction des "Délices de Ninon" (entreprise de pâtisseries industrielles de Malemort, dans la banlieue de Brive) a décidé de licencier 108 des 240 ouvriers embauchés, auxquels il faut ajouter 40 intérimaires. Et cela avec la complicité de la totalité des délégués syndicaux qui, au courant depuis des mois, se sont tus. Début août, après quelques jours de soi-disant "négociations", le comité d'entreprise et tous les délégués syndicaux ont approuvé le plan social, se vantant d'avoir ramené le nombre de licenciés à 108 sur les prétendus 118 prévus!
Les Délices de Ninon, jusqu'en 2000, faisaient partie du groupe agro-alimentaire mondial Unilever qui les a vendus ensuite, avec toute sa branche Bakery, à CSM, autre groupe géant de l'industrie agro-alimentaire. CSM, qui n'était visiblement pas intéressé par cette entreprise, s'en est débarrassé sans risque et sans frais en la cédant pour un euro symbolique à l'un de ses anciens cadres, Bernard Chatillon, en 2004. Alors que Les Délices de Ninon affichaient des résultats assez intéressants, brusquement, neuf mois plus tard, leur patron demandait une liquidation judiciaire, qui aboutit au plan de licenciements de cet été parce que selon lui "la charge salariale était devenue en inadéquation avec l'activité de l'entreprise". Les travailleuses et les travailleurs, eux, ont pu constater l'inadéquation de leurs salaires avec les profits faits par leurs différents patrons: après trente ans de travail, la plupart des ouvrières gagnent 960 euros net!
Pour l'intersyndicale de l'usine (FO, CFDT, CGT), ce plan de licenciement est inévitable et avant même que la liste des licenciés soit rendue publique, lundi 5 septembre, l'intersyndicale appelait les ouvrières et les ouvriers à se rendre à la chambre de commerce et d'industrie de la Corrèze, à Brive, demander des reclassements, pour les futurs licenciés.
Pas un travailleur des Délices ne croit au moindre reclassement sur la région, et pour beaucoup d'entre eux, la situation est devenue dramatique car, depuis juin, ils n'ont pas touché leurs salaires complets, mais de petits acomptes de 45 à 265 euros. Il faut aller négocier le report du paiement des loyers et les banques, sans aucun sentiment, mettent des agios sur les découverts.
À l'initiative de l'union locale CGT de Brive, un collectif de salariés s'est constitué "avec tous ceux qui veulent se battre" pour que ce plan de licenciements ne passe pas comme une lettre à la poste. Ce collectif de salariés a appelé les travailleurs de l'entreprise et la population à se rassembler le jour où l'intersyndicale est allée mendier des emplois à la CCI et, à leur sortie, ce sont environ 200 personnes (travailleurs des Délices et militants syndicaux d'autres entreprises de Brive) qui ont hué les délégués (notamment CGT) qui tentaient d'expliquer qu'il n'y a rien d'autre à faire. L'union locale CGT, elle, défend l'idée qu'il y a de quoi relancer l'entreprise, trouver des débouchés, etc., et qu'en attendant, il faut obtenir le gel des licenciements.
Les actionnaires d'Unilever et de CSM ont fait pendant des années des profits sur la sueur des ouvrières et ouvriers des Délices de Ninon et se sont débarrassés d'eux lorsqu'il y avait davantage d'argent à se faire ailleurs. Dans ce cas-là, comme dans la plupart des cas, on voit bien que derrière les soi-disant "difficultés" des "petites et moyennes" entreprises, il y a en réalité des groupes capitalistes qui s'en mettent plein les poches. Il faut prendre sur les profits qu'ils ont engrangés pour maintenir emplois et salaires.