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Leur société
Le PCF à la recherche d'une nouvelle union... derrière le PS
"Nous pouvons et devons nous donner l'objectif que la gauche puisse se rassembler dans une majorité politique susceptible de gouverner ensemble", a réaffirmé le dernier conseil national du PCF, qui s'est tenu les 21 et 22 septembre. Pour quiconque sait compter, une telle majorité ne peut exister qu'avec, ou plutôt qu'à la traîne du Parti Socialiste. Et c'est donc cette seule perspective que le PCF choisit d'offrir à ses militants et à son électorat.
Le bilan des cinq années du gouvernement Jospin est encore dans la mémoire des électeurs de gauche et du PCF: l'aventure s'est terminée par l'échec électoral du 21 avril 2002, le candidat du Parti Communiste étant tombé à 3,37% des suffrages et celui du Parti Socialiste, passé derrière Le Pen, se trouvant donc éliminé du second tour.
On a pu faire l'expérience que la présence de ministres communistes au gouvernement ne se traduisait pas par une amélioration de la situation de la population laborieuse. À qui a rendu service Gayssot, ministre des Transports et dirigeant du PCF, quand il décidait et justifiait la privatisation d'Air France, entérinait l'éclatement de la SNCF? Aux travailleurs ou au patronat? Les électeurs de gauche -et ceux du PCF en particulier - ont été au contraire les victimes de ses privatisations et de la cohorte de licenciements et plans sociaux, contre lesquels Jospin affirmait être impuissant.
Et pour finir, les dirigeants du PS, avec tous leurs associés de l'ex-Union de la gauche, ont piteusement appelé à voter en faveur de Chirac, soi-disant pour faire barrage à Le Pen. Et on a eu - et on a toujours - Sarkozy, qui fait du Le Pen. Mais à la différence de ce dernier, lui, il siège au gouvernement et peut même prétendre au fauteuil présidentiel.
Voilà le bilan calamiteux de la dernière expérience gouvernementale de la gauche, que le PCF a d'ailleurs payé chèrement, en voyant son score électoral s'effondrer. Alors, comment faire avaler une nouvelle fois la même formule?
Pour l'instant, la direction du PCF en reste à des considérations très générales. Il n'est pas question qu'il s'engage de nouveau dans une coopération gouvernementale avec le PS, si ce dernier ne s'engage pas. Mais sur quoi? La direction du PCF aligne des questions: "Comment vaincre le cancer du chômage et de la précarité? Comment peser sur l'économie?", etc. Le PCF a troqué le poing levé pour un point d'interrogation.
D'autres interrogations lèvent un coin du voile: "Certains ont cru bon, a déclaré la direction du PCF, d'ironiser sur la venue de Laurent Fabius à la Fête de l'Huma. Mais comment ne pas voir que ce positionnement, comme celui d'autres responsables de gauche, est directement lié à la situation et au débat dans notre peuple? Et n'est-ce pas là, justement, notre objectif essentiel: contribuer à ce que le débat politique dans notre peuple, ses exigences, fassent bouger toutes les forces politiques, et donc leurs dirigeants?". Dans cette nouvelle alchimie, la potion magique serait le débat "à gauche", qui ne peut qu'aboutir à une rénovation de la gauche et de ses porte-parole, forcément dans le bon sens, celui du peuple.
Dans le passé, on a vainement tenté de transformer le plomb en or. On a aujourd'hui encore moins de chances de transformer des politiciens professionnels comme Fabius, Mélanchon, Emmanuelli et Cie en défenseurs des intérêts populaires. De plus, rien ne dit que ce sera un de ceux-là qui sera choisi pour représenter le PS en 2007.
Le PCF se prononcera, a-t-il annoncé, en mars prochain sur le nom du ou de la candidate qu'il soutiendra au premier tour de l'élection présidentielle. Tout en précisant qu'une "candidature communiste serait un atout", il n'a pas écarté l'hypothèse d'une candidature choisie hors du PCF. D'ores et déjà, il annonce une perspective à géométrie très, très variable. Il est vrai que l'équation n'est pas simple pour lui, car le "vote utile" pour le PS peut jouer en sa défaveur et lui faire perdre des voix. Le risque subsiste que la présence de son candidat contribue à empêcher celui du PS d'être présent au second tour, ce qui ruinerait pour cinq ans toute possibilité de participation gouvernementale. Il doit essayer de se distinguer du PS, mais sans pour autant que cela aboutisse à une rupture. Car il a besoin de l'alliance avec le PS pour préserver les municipalités et les circonscriptions qu'il détient encore aux élections législatives et municipales qui suivront l'élection présidentielle de 2007.
Alors, si le PCF lance timidement quelques oeillades à ses partenaires de la campagne du "non" et peut commettre quelques infidélités passagères et platoniques, il ne veut pas rompre avec le PS: après tout, c'est ce dernier qui détient les cordons de la bourse... électorale.
Un nouveau feuilleton recommence, pas emballant: quelles que soient les péripéties, on en connaît la conclusion.