Toulouse : Quatre ans après l'explosion d'AZF, jamais Total n'a fait autant de profits !29/09/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/09/une1939.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Toulouse : Quatre ans après l'explosion d'AZF, jamais Total n'a fait autant de profits !

Il y a déjà quatre ans que l'usine AZF a explosé, provoquant la catastrophe que l'on sait: 30 morts, 5000 blessés, et au moins 50000 sinistrés. Comme tous les ans la date anniversaire de ce 21 septembre 2001 a été l'occasion de faire le point sur le règlement des dommages et l'avancement du dossier pénal.

Pour les populations sinistrées des quartiers pauvres, les conditions de vie n'ont fait qu'empirer, parce qu'aux problèmes de réparation se surajoute la crise généralisée du logement.

Ainsi, à la Cité du Parc, la destruction du bâtiment B a commencé sans qu'aucune construction de remplacement ait été prévue. Et c'est ce moment que choisit la mairie de Toulouse pour mettre en place son GPV, Grand projet de ville, qui prévoit de rayer 2000 logements de la carte. Or, après de longues galères, les ex-habitants du bâtiment B sont revenus dans le coin, pour cohabiter chez des parents, une famille sur une autre dans un T4. On détruit le bâtiment B, et il y a aujourd'hui un T4 au bâtiment C où habitent 23 personnes, du moins si cela peut s'appeler habiter!

Dans les trois autres bâtiments de la Cité du Parc, les travaux avancent tant bien que mal, à vrai dire plutôt mal que bien. Quatre ans après, on peut dire que c'est à moitié fait. Les appartements ne sont toujours pas sécurisés, la pose des volets roulants devant commencer d'ici peu. Les réparations des colonnes descendantes, des terrasses, du bâtiment de la conciergerie ne sont toujours pas commencées.

Dans les parties privatives, les malfaçons pullulent, alors que les entreprises qui ont réalisé ces travaux dans l'urgence ont disparu avec leur chèque.

Aujourd'hui, à la Cité du Parc, on continue à vivre beaucoup plus mal qu'avant l'accident d'AZF. Alors il s'agit sans doute d'une situation extrême, mais pour de très nombreux sinistrés, la page n'a pas encore pu être tournée.

Par contre pour le responsable de la catastrophe, le groupe Total, tout va très bien, merci! Ses dirigeants se sont répandus en déclarations rassurantes, déclarations qui ont été reprises sans vérification par la presse, comme c'est souvent le cas. À le croire, il n'y aurait que 141 cas de dédommagements en souffrance! Le gros mensonge! Alors que 2000 dossiers corporels nouveaux ont été déposés depuis le printemps, la plupart pour des dommages auditifs ou des aggravations. Et il ne s'agit là que d'une partie des dommages.

Certes Total aimerait bien fermer la porte aux indemnisations et vient de réussir à faire signer par le Comité de suivi des victimes un avenant qui vise à rendre beaucoup plus difficile le dépôt de dossiers par les sinistrés.

On doit d'ailleurs remarquer que dans ce Comité de suivi, les associations de sinistrés n'ont que voix consultative, quand on veut bien les consulter, ce qui est rare. Ce sont quand même les premiers concernés, mais on continue à les considérer comme des mineurs dont les autorités bienveillantes, chancellerie, préfecture et mairie de Toulouse, s'occupent dans la plus grande opacité.

Enfin, il reste la question du dossier pénal. On doit d'abord remarquer que ni la mairie de Toulouse ni les conseils généraux et régionaux à majorité de gauche ne se sont portés partie civile contre Total, à la différence de leurs homologues pour les catastrophes de l'Erika ou du tunnel du Mont-Blanc. Ils déclarent privilégier la voie amiable dans la négociation avec Total... Et il est vrai qu'ils se traitent comme les meilleurs amis du monde. Comment s'étonner dans ces conditions que le procureur vienne de rejeter une demande des associations de sinistrés pour la mise en examen de Total pour "mise en danger de la vie d'autrui"?

Ainsi, quatre ans après les faits, le groupe Total n'est toujours pas inquiété et ce sont deux lampistes, ainsi que le directeur de l'époque, qui restent mis en examen et risquent de payer pour une entreprise qui fait un milliard d'euros de profits par mois, après avoir provoqué la plus grande catastrophe industrielle de ces dernières années.

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