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Dans les entreprises
Flextronics – Laval (Mayenne) : La fermeture de l’usine était comprise dans le rachat
Les dirigeants de Flextronics, société spécialisée dans la fabrication électronique, viennent d'annoncer la fermeture totale de l'usine de Laval en Mayenne. 200 salariés devraient recevoir leur lettre de licenciement début novembre, puis les autres avant la fin de l'année. Au total, 503 salariés vont perdre leur emploi.
Les dirigeants de l'usine ont expliqué que la fermeture du site était la conséquence directe du désengagement de ses principaux clients, en particulier d'Alcatel, qui avait arrêté en mai dernier de lui commander des téléphones portables, et récemment de Thales Avionique, qui menaçait de stopper son contrat concernant l'électronique pour les Airbus.
En fait, Flextronics n'est pas un petit sous-traitant, obligé de mettre la clé sous la porte parce que ses clients lui ont signifié la fin des contrats. C'est un énorme conglomérat industriel, plus gros peut-être qu'Alcatel. Cette société à capitaux américains, dirigée par des Américains, a transféré son siège à Singapour, sans doute pour plus de «commodités». Spécialisée dans la sous-traitance électronique, elle a réalisé en 2004 16 milliards de dollars de chiffre d'affaires ( soit environ 13,5 milliards d'euros). Elle possède plus de 80 sites industriels dans une trentaine de pays de tous les continents, travaillant pour les gros industriels de l'électronique. Flextronics fabrique ou a fabriqué, pêle-mêle, des mini-chaînes Philips, des imprimantes Hewlett-Packard, des cartes électroniques pour les auto-radios Clarion, les souris d'ordinateur et les consoles Xbox pour Microsoft, des photocopieuses...
À Laval, son principal client a été pendant quatre ans la société Alcatel, pour qui elle fabriquait des téléphones portables vendus sous cette marque. C'est d'ailleurs Alcatel qui lui avait vendu en 2001 son usine, ses machines et ses salariés, pour un montant qui avait été tenu secret.
C'était l'époque où le PDG d'Alcatel, Tchuruk, avait proclamé que l'avenir de sa société était d'être une «entreprise sans usine». Il voulait se débarrasser de plusieurs unités de production, jugées trop «coûteuses», et trop soumises aux brusques retournements du marché des technologies. Il avait promis à l'époque que cette décision de vendre l'usine de Laval «n'aurait aucune conséquence sur l'emploi», ajoutant encore: «Il n'y aura pas de drames sociaux».
En fait, Tchuruk a non seulement «externalisé» la production mais, la fermeture de l'usine de Laval le confirme, il a externalisé également les plans de licenciements, les fermetures d'usine, en somme le sale boulot. Flextronics y a largement trouvé son compte: loin d'être dans le rouge, il continue de racheter des usines (celles de Nortel au Canada et au Mexique), de construire de nouvelles usines en Inde, et de dégager des bénéfices par centaines de millions de dollars
Alors, qui a profité du travail des centaines de salariés de l'usine de Laval : les actionnaires de Flextronics, ou ceux d'Alcatel? Ou les deux?