Pots-de-vin et marchés truqués : Leur règle du jeu03/11/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/11/une1944.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Pots-de-vin et marchés truqués : Leur règle du jeu

La quasi-totalité des 47 hommes politiques de différents calibres et chefs d'entreprise inculpés dans l'affaire dite des " marchés publics d'Ile-de-France " a été condamnée à deux, trois ans ou quelques mois de prison... mais tous avec sursis, sauf un, et à quelques dizaines de milliers d'euros d'amende.

Dans les années 1990, pour obtenir les marchés liés à la construction et à l'entretien des lycées en Ile-de-France, les entreprises, principales bénéficiaires de l'opération, payaient une commission de 2% - au total plusieurs dizaines de millions de francs - qui était ensuite répartie, selon des règles établies entre le RPR (devenu UMP), qui touchait la plus grosse part, le PR (actuel UDF) et le PS.

Michel Giraud, alors président RPR du Conseil régional et ex-ministre du Travail, et Michel Roussin, ancien directeur de cabinet et proche de Jacques Chirac, étaient les principaux inculpés. Chirac lui-même, protégé par son immunité présidentielle, n'a même pas été entendu comme témoin, mais le jugement affirme clairement que Roussin " n'a pu agir d'initiative ", autrement dit agissait directement sur ordre.

François Donzel, élu régional écologiste appartenant à un courant proche de Brice Lalonde, a été le seul condamné à un an ferme pour avoir touché deux millions de francs. Mais Guy Drut, ancien ministre UMP (ancien champion olympique), qui a bénéficié d'un emploi fictif et de plusieurs millions de francs de plus values " totalement inexpliquées ", n'a été condamné qu'à 15 mois avec sursis et 50000 euros d'amende, en conservant ses mandats.

Et pourtant les juges n'avaient pas mâché leurs mots pour parler des inculpés : " Les faits présentent un caractère de gravité incontestable en ce sens que les comportements qu'ils induisent portent atteinte aux structures fondamentales de la démocratie ".

Ce n'est pas la première affaire de financement occulte. Ce n'est sûrement pas la dernière. Ces gens qu'on présente comme ayant porté atteinte aux " structures de la démocratie ", on risque de les voir occuper de nouveau les devants de la scène politique. Car ils sont à l'image de ceux qui nous gouvernent et qui, du haut de leurs fonctions, font des leçons de morale au bon peuple.

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