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Leur société
Stagiaires : Manifestation contre le travail gratuit
Les étudiants stagiaires ont manifesté mardi 1er novembre. Ils protestent contre le fait qu'un certain nombre d'entreprises les utilisent comme main-d'oeuvre gratuite au lieu d'embaucher, voire à la place d'un salarié récemment licencié.
Huit cent mille étudiants sont concernés par les stages. Mais ce qu'on leur présente comme une découverte du monde de l'entreprise et un prélude à une embauche est devenu du travail sous-payé et même le plus souvent non payé, sur un poste qu'un salarié embauché aurait dû normalement occuper à plein temps. De plus en plus d'entreprises font se succéder sur le même poste des stagiaires diplômés, efficaces, très rentables et très disponibles puisque le chômage touche un jeune sur cinq parmi les moins de vingt-cinq ans. Rien n'oblige une entreprise à rémunérer un stagiaire. Certaines le font mais elles plafonnent souvent leur rémunération à 300 euros par mois, limite au-delà de laquelle elles doivent payer des charges sociales. Même quand il est payé, le stagiaire revient six fois moins cher qu'une embauche en CDD.
Un jeune homme racontait, sur FR3, que non seulement il n'avait pas été payé mais que, dès son premier stage, il avait compris qu'il remplaçait un assistant-marketing licencié quelques mois auparavant. Un jeune ingénieur interviewé par l'Humanité, avait, lui, été payé 2000 euros pour six mois d'un travail d'ingénieur qualifié ; cette gratification, qui alla d'ailleurs dans la caisse de son école pour prix de la " formation " n'avait pas coûté un sou à l'employeur, puisque l'État exonère les entreprises de 2000 euros de charges patronales pour chaque stagiaire engagé dans l'année. Chaque jeune diplômé fait en moyenne de 5 à 8 stages et certaines sociétés tournent avec 80% de stagiaires.
L'utilisation de stagiaires non rémunérés ne touche pas seulement le milieu des étudiants. Depuis des années, nombre d'employeurs en tout genre, y compris des grands chaînes de magasins, utilisent des " stagiaires " les uns après les autres sur des postes permanents de vendeurs, de caissières, d'employés, pour le plus grand profit des leurs employeurs. Tous sont victimes de tous ces patrons qui, spéculant sur l'espoir d'une embauche véritable, utilise une main-d'oeuvre quasi-gratuite.
D'autres actions sont d'ores et déjà en préparation pour protester contre ces pratiques abusives du patronat, en particulier une grève le 24 novembre.