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Leur société
Taxe professionnelle : Pourquoi faudrait-il payer à la place des patrons?
Dans la réforme des impôts en discussion au Parlement, les riches ont droit à un plafonnement de leurs impôts (le «bouclier fiscal»). Pour certains d'entre eux, cela aboutira à une exonération d'impôts locaux sur leur résidence principale. De plus, ceux qui sont patrons bénéficieront, à partir de 2007, d'une nouvelle réduction de la taxe professionnelle.
Pourtant, en ce qui concerne la taxe professionnelle, les patrons avaient été déjà particulièrement gâtés. Des gouvernements successifs s'étaient employés à restreindre la possibilité dont disposaient les collectivités locales d'augmenter cette taxe, alors que la taxe d'habitation et la taxe d'enlèvement des ordures ménagères, elles, peuvent croître sans limite.
De plus, au fil des ans, l'État prend en charge une part de plus en plus importante de la taxe professionnelle à la place des patrons. En 1995, il en payait le tiers. En 1998 Strauss-Kahn, ministre socialiste de Jospin, fit en sorte que la part de taxe professionnelle payée réellement par les patrons soit encore diminuée de près de la moitié, la partie restante étant prise en charge par l'État qui en principe compensait le manque à gagner des collectivités locales. Cette mesure a fait la popularité de Strauss-Kahn auprès des patrons. Revenue au gouvernement, la droite a continué la réforme de cette taxe professionnelle.
Le Medef, comme à chaque fois qu'il marque un point, veut pousser son avantage. Très attentif aux souhaits du patronat, le gouvernement Villepin vient de proposer un nouveau mode de calcul de la taxe professionnelle et un plafonnement plus avantageux. Qui paiera? L'État, dont le premier impôt, la TVA, est payé par tout le monde, les salariés, mais aussi les retraités et les Rmistes, puisqu'ils la paient sur tout ce qu'ils consomment.
Et il y a une entourloupe supplémentaire: l'État ne compensera pas la totalité des sommes que les patrons ne verseront plus aux communes, aux départements et aux régions. Ces collectivités locales vont donc se retrouver avec un trou dans leur budget. Ce trou est d'autant plus important qu'au fil des ans la subvention qu'elles reçoivent de l'État pour compenser le cadeau de Strauss-Kahn aux patrons ne couvre pas le manque à gagner.
Finalement, par les subventions qui leur sont données et les diminutions d'impôts, les patrons pèsent sur le budget de l'État, de la Sécurité sociale et des collectivités locales. Les voilà, les éternels assistés qui vivent de l'État-providence!