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Dans les entreprises
Feu vert pour la banque postale...
Après des années de tractations dans les coulisses, le "comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement" (CECEI), autorité de tutelle des banques, a officiellement donné son aval à La Poste pour filialiser ses services financiers qui vont s'appeler "La Banque Postale". C'était déjà acquis pour la direction qui, à cet effet, avait tout mis en place.
Le résultat est un curieux montage. Ainsi, par l'opération du saint-esprit de la finance, cette société, au démarrage filiale à 100% de La Poste, va se retrouver propriétaire de tous les avoirs de celle-ci: tout l'immobilier, plus de 220 milliards d'euros d'encours à gérer, et 28 millions de clients. Et pour diriger cette nouvelle boutique bancaire, on trouvera un staff de mille cadres, les seuls qui auront, au moins dans un premier temps, le statut Banque Postale.
Bien sûr, des petites mains feront le travail. Quelque 55000 postiers seront rétribués pour cela par la Banque Postale et devront suivre ses directives.
Est-ce une étape vers la privatisation? Peut-être. Mais le moins qu'on puisse dire c'est que cette nouvelle filiale de La Poste ne se lie pas les mains avec du personnel dont elle pourrait vouloir se débarrasser par la suite. Et la pression à la rentabilité, déjà omniprésente pour tous les postiers, ne peut que s'accentuer.
Les commerciaux, conseillers financiers et autres, seule catégorie de personnel que la direction veut développer, sont déjà pratiquement tous contractuels (salaire inférieur de 500 euros environ à celui d'un fonctionnaire). Bien des postes de guichetiers vont disparaître, remplacés par des automates. Et les 18000 employés des chèques postaux, considérés comme trop vieux, trop majoritairement fonctionnaires et pas assez mobiles, sont déjà priés de gagner 30% en rentabilité pour se rapprocher des banques. Quant au fameux CECEI, qui veille aux intérêts des éventuels futurs actionnaires, il a assorti son autorisation d'un conseil éclairé à La Poste: baisser encore de 20% le coût d'exploitation, en particulier la masse salariale, d'ici à 2010.
Mais, en ce moment, les patrons tiennent un langage similaire aux employés de banque, en particulier au Crédit Agricole. À ce petit jeu entre les banques, postales ou pas, les travailleurs sont toujours perdants. Certains syndicats proclament: "Nous sommes postiers, pas banquiers!" Mais, quel que soit notre statut, quel que soit le poste que nous occupons aujourd'hui, nos intérêts sont communs et c'est ensemble que les travailleurs pourront défendre efficacement leurs conditions de travail et leurs emplois.