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L'immigration légale de plus en plus difficile : Villepin fait du Sarkozy, qui fait du Le Pen
Mardi 29 novembre, Villepin a annoncé une série de nouvelles mesures, destinées toutes à durcir l'immigration légale.
La principale mesure concernerait les mariages célébrés hors de France entre un Français ou une Française et un étranger. Jusque-là, ces unions "mixtes" valaient automatiquement titre de séjour pour le conjoint étranger. Eh bien Villepin part en guerre contre ces mariages dont il met en doute la "sincérité". En 2004, 34000 mariages mixtes ont été célébrés à l'étranger, et cela permettrait à autant d'étrangers de venir en France. Le Premier ministre trouve que c'est trop. À l'avenir, les consuls et le parquet pourront refuser ces mariages. Même les mariages mixtes célébrés en France sont dans le collimateur de Villepin, et il a demandé de préparer une nouvelle loi pour pouvoir également les contester.
Villepin s'en est également pris au regroupement familial, en imposant une série de contraintes visant à décourager ce qui est pourtant, et c'est lui-même qui le souligne, "un droit garanti par la Constitution". Malgré ce droit constitutionnel, il demande d'allonger de un an à deux ans le délai de séjour d'un étranger vivant en France avant qu'il ait le droit de demander -mais pas forcément d'obtenir- de faire venir sa famille. Villepin souhaite également faire de "la maîtrise de la langue française", et du "degré d'intégration", des conditions pour refuser à un étranger séjournant en France le droit de faire venir sa famille.
Les étudiants étrangers seront sélectionnés, encore plus durement qu'aujourd'hui, avant de pouvoir venir étudier en France. En fonction des filières universitaires demandées et du pays d'origine, les étrangers candidats seront admis ou pas à venir étudier en France.
Enfin, le droit d'asile, régulièrement réformé dans un sens toujours plus restrictif, sera une nouvelle fois révisé. En particulier, les recours des demandeurs d'asile vont être rendus beaucoup plus difficiles. Actuellement, le délai de recours de ceux qui contestent les refus de l'administration (l'Ofpra) est d'un mois, ce qui est déjà très court. Ce délai va encore être abaissé à 15 jours.
Evidemment, le fait que ces mesures soient annoncées quelques jours après les émeutes de banlieue n'est pas innocent de la part de Villepin. Lui aussi, comme son compère et concurrent Sarkozy, veut désigner les étrangers comme fauteurs de troubles à la partie la plus réactionnaire de l'électorat. Mais sur ce terrain, Sarkozy veut garder une longueur d'avance. Mentant comme personne, il s'est permis d'affirmer: "L'immigration clandestine prépare une société déchirée, fracturée, ghettoïsée. Elle contribue ainsi à produire la haine et la violence sur le territoire national. Les violences urbaines que nous avons connues il y a quelques semaines en sont une triste illustration."
Que la xénophobie des ministres soit réelle ou feinte, due à leur désir de flatter un certain électorat réactionnaire ou à leurs propres préjugés crasseux, les mesures qu'ils veulent mettre en oeuvre auront nécessairement des conséquences, et leur traduction tatillonne par tous les échelons de l'administration de l'État et de la police risque de rendre encore plus difficile la vie de beaucoup d'étrangers vivant en France, ou souhaitant y vivre, même de ceux qui s'y trouvent légalement.