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Congo (ex-Zaïre) : Pendant que les élections se préparent,les pillages continuent
Au Congo, le gouvernement de transition est censé préparer des élections présidentielle et législatives. Après avoir été repoussées plusieurs fois, elles devraient finalement se tenir le 30 juillet 2006. Rien que pour la présidentielle, et malgré une caution s'élevant à 50000 dollars, trente-trois candidats sont déjà sur les rangs.
En attendant, le pays est sous la tutelle de l'ONU et est quadrillé par 17000 casques bleus, mais la paix n'est toujours pas revenue. Les affrontements entre milices et populations ainsi qu'entre bandes armées rivales continuent, notamment dans le nord-est du pays: en Ituri, au nord, et Sud-Kivu. Quant au pays, il reste divisé en plusieurs zones indépendantes, dans lesquelles chaque seigneur de guerre règne sur toutes sortes de trafics, prélève ses propres impôts et pille les richesses locales.
Parallèlement, les détournements des aides internationales et des fonds publics ainsi que le pillage des ressources du pays ne se sont jamais aussi bien portés. Sous prétexte de relancer l'exploitation des ressources minières -le sous-sol congolais regorgeant notamment d'or, de diamants, de cuivre, de coltan, de zinc, d'uranium et de cobalt- les dirigeants et chefs de guerre locaux bradent ces richesses aux compagnies étrangères. Ex-PDG de la Gécamines (société nationale), Robert Crem dénonce par exemple le fait que le gouvernement a cédé 85% des droits miniers de Tenke et Fungurume à la firme Phelps Dodge pour 15 millions de dollars, alors que les réserves de cette région sont établies à 7 millions de tonnes de cuivre et 1,5 million de tonnes de cobalt, soit un potentiel d'une valeur de 90milliards de dollars! Le groupe belge Forrest, associé à Dan Gertler, un négociant israélien spécialisé dans le trafic des diamants, aurait également profité de la situation pour se faire attribuer des contrats spoliant ouvertement les intérêts de l'État congolais.
Les grandes compagnies étrangères ne sont pas les seules à profiter des fabuleuses richesses du pays. Comme le dénonce l'historien congolais Elikia M'Bokolo, «il est presque de notoriété publique que certains hauts fonctionnaires de l'Union européenne et des Nations unies sont en connexion avec les trafics», et il poursuit: «Les fonctionnaires internationaux se conduisent comme des seigneurs de guerre en territoire conquis. Louis Michel (commissaire européen au développement et à l'aide humanitaire à la Commission européenne -NDLR) se comporte comme Léopold II à son époque, comme si le Congo était sa propriété.»
Résultat, loin de profiter de ses richesses pour se redresser et améliorer les conditions de vie de sa population, le Congo ne cesse de s'enfoncer dans la misère et le sous-développement. Actuellement, 90% de la population y vit en dessous du seuil de pauvreté et, depuis 1980, le niveau de vie y a pratiquement été divisé par quatre. 80% de la population n'a pas accès à une source d'eau potable et le taux de mortalité infantile y est l'un des plus forts au monde, avec 129 décès pour 1000 naissances.
Comme partout dans le continent africain, la population du Congo continue à payer un lourd tribu pour que les trusts occidentaux accumulent d'immenses profits.