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- Lutte ouvrière n°1973
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SNCF - Ateliers de Quatre-Mares (Seine-Maritime) : Les cheminots expulsent un cabinet privé
La direction de la SNCF utilise tous les moyens pour accroître la productivité des cheminots. Elle fait de plus en plus appel à des cabinets privés, qui viennent dans les établissements faire des audits et réorganiser la production. Cette fois-ci, son coup a manqué!
Aux ateliers de Quatre-Mares (ateliers qui réparent des locomotives diesel), elle a fait venir un cabinet anglais dans un atelier. Le but avoué était de réduire la durée d'immobilisation de certaines locomotives, la SNCF voulant les faire réparer en 39jours au lieu de 45.
Les conditions de travail étant déjà de plus en plus dégradées, les choses ne peuvent évidemment pas s'améliorer avec l'augmentation des cadences. Pour faire passer la pilule, la direction a essayé de nous embobiner, expliquant que le cabinet privé en question était destiné aussi, selon le patron, à réaliser de meilleures conditions de travail.
Personne n'était dupe, mais pas grand-chose n'avait été organisé par les syndicats pour refuser la présence des représentants du cabinet privé.
Pourtant, jeudi 18mai, une assemblée générale était organisée dans l'atelier et environ 200cheminots y assistaient. Il était prévu de déposer une motion pour dénoncer les suppressions de postes et la politique de la SNCF. À la fin de l'assemblée, quelques cheminots demandaient à ce que tout le monde passe à l'action et mette à la porte vite fait bien fait ce cabinet privé. Un vote avait lieu et tout le monde était d'accord pour aller voir le patron de l'atelier et lui dire de congédier le cabinet. Celui-ci a bien sûr refusé et a essayé de manoeuvrer. Selon lui, ce cabinet était là pour notre bien, etc.
Le ton est monté parmi les cheminots, qui sont tous partis à la recherche des gens du cabinet dans les ateliers et ont fini par les trouver dans une salle de réunion qu'ils ont envahie. Le ton a encore monté au vu de l'ordre du jour de la réunion sur un tableau noir. Il était écrit entre autres choses: «Comment reprendre en main les agents?» Le patron de Quatre-Mares, arrivé en courant, a essayé de s'interposer, effaçant aussitôt le tableau pour que nous ne puissions pas lire. Mais c'était trop tard. Certains cheminots avaient déjà photographié l'inscription avec leurs portables...
Les deux membres du cabinet ont été évacués sous les huées des cheminots toujours plus nombreux, et emmenés par la direction pour les cacher dans un autre bâtiment, pensant qu'on allait se calmer. Eh bien non! Nous les avons cherchés dans les bureaux et retrouvés confinés dans celui du sous-directeur! Ils ont eu juste le temps de prendre leurs affaires personnelles avant de se retrouver à la rue tandis que tout le monde criait: «Dehors, pas de ça chez nous, voleurs», et bien d'autres choses...
Aux ateliers de Quatre-Mares, la direction a donc passé une mauvaise journée. Quant aux cheminots, ils ont bien eu l'impression de marquer un point. Depuis, la direction a envoyé une «demande de concertation immédiate» aux organisations syndicales avec à l'ordre du jour «les événements du 18mai». À croire qu'elle n'a toujours pas digéré!