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- Lutte ouvrière n°1981
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Azur Production Chambley (Meurthe-et-Moselle) : Débrayages pour les salaires
Les travailleurs d'Azur Production ont débrayé quatre heures pendant trois jours de suite les 4, 5 et 6 juillet derniers. Dans cette usine, 320 salariés fabriquent des fenêtres en PVC pour le groupe Lapeyre. Les salaires sont collés au smic. Beaucoup n'arrivent à joindre les deux bouts qu'en travaillant la nuit. Or, en avril, la direction avait supprimé les 3x8 pour passer en 2x8, sous prétexte qu'elle n'avait pas assez de commandes pour sa nouvelle gamme de menuiserie. Cela avait exaspéré ceux qui comptent sur les 15% de majoration du travail de nuit pour s'en sortir. Puis nouveau virage à 180°, retour en 3x8 en mai, pour une partie de l'atelier, afin de répondre à une commande. Des changements d'horaires faits avec autant de désinvolture qu'on ouvre ou ferme sa fenêtre.
Mardi 4 juillet, lors des négociations annuelles, la direction proposait 1,7% d'augmentation collective et 0,3% de promotionnelle pour 2006. Cela a choqué les travailleurs qui, au fil des ans, se retrouvent de plus en plus nombreux avoisinant le smic, comme a choqué le mépris du patron énonçant un péremptoire «Pas question d'augmentation ». Du coup, spontanément, quasiment toute l'usine s'est arrêtée avec le soutien des syndicats CGT et CFDT. La mobilisation a surpris tout le monde, à commencer par le patron, qui a pu mesurer l'exaspération des travailleurs. Sa seule proposition a été la prise en charge des trois jours de carence pour maladie et la mise en place pour les employés d'un dispositif de formation. Cela a suffi pour que la CFDT accepte de signer un protocole d'accord, ce qui a mis fin aux débrayages. Même si la majorité des salariés estimaient le résultat tout à fait insuffisant, le souvenir des neuf jours de grève qui, il y a trois ans, n'avaient pas suffi à faire plier la direction, était bien présent.
Azur Productions, comme son nom ne l'indique pas, n'a rien d'une PME dans le besoin. C'est au contraire la filiale d'un grand groupe florissant, Saint-Gobain - 1,3 milliard d'euros de bénéfices en 2005 - qui augmente beaucoup plus ses actionnaires que ses salariés: 6,3% de plus pour les dividendes, contre 1,7% pour les salaires. Malgré l'arrêt des débrayages, les travailleurs ont en tout cas montré qu'ils en avaient assez de supporter des salaires de misère et la flexibilité.