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Editorial
Israël bombarde le Liban : La loi du plus fort
Bombardements des quartiers populaires, avec les nombreuses victimes civiles que cela entraîne inévitablement, sous prétexte que ces quartiers constituent les bases des milices du Hezbollah, destruction des ponts, des routes, des aéroports: c'est une véritable guerre qu'Israël livre depuis plus d'une semaine au peuple libanais.
Les porte-parole de l'armée israélienne, qui ont largement accès aux radios françaises, prétendent que ces opérations sont justifiées par le fait que les milices chiites libanaises ont tué trois de leurs soldats et en ont enlevé deux autres. Mais quand, peu de temps auparavant, la marine israélienne avait massacré au canon toute une famille palestinienne sur une plage de Gaza, c'est tout juste si le gouvernement israélien avait formulé quelques regrets.
Mais tout cela ne pourrait pas se dérouler de cette manière si Israël ne bénéficiait pas de la complicité des grandes puissances, comme l'a montré la réunion du G8 (le club des huit pays les plus puissants de la planète) à Saint-Pétersbourg ce week-end. Et il n'y a guère de différence entre le soutien ouvert de Bush, et la complicité à peine voilée d'hypocrisie de Chirac, trouvant l'attaque israélienne simplement «disproportionnée», mais affirmant dans un même élan qu'Israël avait le «droit de se défendre», comme si c'était l'existence d'Israël qui était en jeu.
Face au drame qui se joue actuellement au Liban et à Gaza, la montagne du G8 a accouché d'une souris, réclamant l'application d'une résolution des Nations unies demandant le désarmement des milices du Hezbollah. Mais se gardant bien de faire la même chose en ce qui concerne une autre résolution, bien plus ancienne, qui demandait en novembre 1967 l'évacuation par l'armée israélienne de tous les territoires occupés. Tant il est vrai que les résolutions de l'ONU n'ont qu'une seule utilité: pouvoir être invoquées par les grandes puissances quand cela les arrange.
En fait, les Bush, Blair et Chirac se moquent éperdument du sort de la population israélienne, qui pour eux n'est qu'un pion sur l'échiquier du Proche-Orient. Et les dirigeants israéliens ne s'en soucient guère plus. Cela fait cinquante ans que les différents gouvernements qui se sont succédé en Israël, qu'ils soient de droite ou qu'ils se disent socialistes, ont choisi, plutôt que de tendre la main au peuple palestinien, de jouer le rôle de gendarmes au service de l'impérialisme dans cette partie du monde.
Mais, ce faisant, les dirigeants israéliens ont fait de leur propre peuple un otage, ont fait des descendants de ces réfugiés qui cherchaient une terre, pour y trouver la paix et la sécurité, des geôliers qui ne sont guère plus libres que leurs prisonniers, ces Palestiniens parqués dans la bande de Gaza ou derrière le mur de béton qu'Israël fait construire, en empiétant encore plus sur les terres palestiniennes.
Evidemment, les dirigeants du Hamas et du Hezbollah n'ont rien à envier aux dirigeants israéliens. Leurs actions terroristes ne servent pas la cause de leur propre peuple. Elles ne visent qu'à encadrer celui-ci au nom de la lutte à mener, qu'à préparer, s'ils parvenaient au pouvoir, une dictature militaire, religieuse de surcroît. Quant aux dirigeants «laïcs» du Fatah, ils n'aspiraient, si Israël leur en avait laissé les moyens, qu'à devenir les gendarmes de leur propre peuple.
Mais s'il ne manque pas d'aspirants dictateurs dans les pays du Tiers Monde, ce qui se passe au Proche-Orient est l'illustration que, dans le monde capitaliste, même les États qui se prétendent des démocraties, comme les membres du G8, ou comme Israël, ne reconnaissent en fait qu'une seule loi: la loi du plus fort.
Le système capitaliste, qui a fait de quelques États les maîtres de la planète, est de plus en plus incompatible avec une société vraiment démocratique, respectant tous les êtres humains.
Éditorial des bulletins d'entreprises du 17 juillet