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Dans les entreprises
SEB : Licenciements en masse et toujours plus de profits
Le groupe SEB, leader du petit électroménager, vient d'annoncer le rachat du numéro Un chinois du matériel de cuisine, l'entreprise Zhejiang Supor Cookware, pour la somme d'environ 280millions d'euros. Cette nouvelle a soulevé l'indignation des salariés de SEB, de qui la direction ne cesse d'exiger toujours plus de sacrifices sous prétexte qu'elle subirait des difficultés de trésorerie face à une concurrence sans pitié.
Depuis des années, la direction de SEB ne cesse de pratiquer ce chantage avec pour objectif de pressurer toujours plus les salariés. Comme le disait déjà un militant syndical au début de l'année: «On a tout accepté, la mobilité, le ramassage des bus à deux heures du matin pour travailler à quatre, la flexibilité, les pertes de salaires...», etc. Cela n'a pas empêché SEB de se comporter comme toutes les autres grandes entreprises: en rapace. Il y a six mois, la direction annonçait la fermeture de trois de ses dix usines françaises, avec à la clé la suppression de près de 900emplois. Les usines de Fresnay dans la Sarthe (214salariés), Dampierre dans le Jura (171salariés) et du Syndicat dans les Vosges (439salariés) seront fermées. Celle de Vernon, dans l'Eure, passera de 245 à 185salariés. Là encore, SEB ne cède rien, obligeant les licenciés à partir avec des primes revues à la baisse, mégotant sur les mesures de préretraite, avec toujours ce même argument: le coût du plan social serait «trop élevé».
Pourtant SEB est un groupe prospère, très prospère même. Sa «santé financière», comme disent les économistes, est si bonne qu'il n'a cessé de multiplier les rachats à travers le monde. En 2004, SEB a racheté Allclad aux États-Unis, en 2005 Lagostina en Italie et Panex au Brésil, en 2006 Micro Wearever encore aux États-Unis, et maintenant Supor, qui au passage n'a plus rien de chinois, étant la propriété de groupes américains tels Merrill Lynch ou Citygroup.
En matière de mauvais coup, SEB n'en est pas à ses débuts: entre autres, elle doit sa santé financière au sacrifice de 5000 emplois chez Moulinex en 2001, dont 3500 en France, avec des conséquences catastrophiques pour les régions de Caen, d'Alençon ou de Vernon. En rachetant Moulinex en 2001, SEB avait eu le culot de prétendre déjà consentir un énorme effort financier. Pourtant, il faut croire que l'affaire était profitable, puisque un an après, alors que 7% seulement de licenciés de Moulinex avaient retrouvé un emploi en CDI, SEB annonçait une progression de 34,5% de son chiffre d'affaires et une hausse de... 60% de ses profits nets! Le Premier ministre de l'époque Jospin et le ministre des Finances Laurent Fabius non seulement laissèrent Moulinex et SEB libres d'agir à leur guise, mais c'est même le gouvernement de gauche plurielle qui versa les primes de licenciements et les derniers salaires que Moulinex refusait de payer. Il n'imposa jamais au repreneur SEB de rembourser ces sommes.
Au passage, SEB n'a d'ailleurs pas cessé d'empocher les subventions publiques, telle une «aide» de 2millions d'euros versée par l'État en octobre 2004 pour reprendre Euromoteur, filiale de Moulinex. L'argent empoché, SEB a fait fermer l'usine l'année dernière sans restituer un centime, évidemment. Il y a deux ans encore, l'usine de Vecoux avait été délocalisée sur Le Syndicat pour «pérenniser le site», SEB s'engageant à offrir une solution à tous les licenciés de Vecoux: la commune avait financé les travaux de voirie et d'éclairage, fourni les terrains nécessaires, le Conseil général avait fourni une subvention de 150000euros. Résultat: SEB ferme l'usine du Syndicat, et les salariés de Vecoux sont toujours sur le carreau.
SEB s'est spécialisé dans les très bas salaires pour toucher les aides de l'État sous prétexte de «favoriser l'emploi». C'est plutôt «favoriser les profits» qu'il faudrait dire. Au final, SEB, qui possède aussi maintenant les marques Moulinex, Tefal, Calor, Krups, Rowenta, est un groupe multinational employant 14000 salariés dans le monde, dont 7000 en France, pour un chiffre d'affaires de 2,5milliards d'euros et des dividendes versés aux actionnaires en hausse de 10%. Ses lamentations sur les salaires français «beaucoup trop élevés» ne peuvent convaincre que les naïfs, la majorité de ses rachats ayant été effectués dans les pays les plus développés du monde, les usines que SEB ferme en France étant d'ailleurs bénéficiaires de l'aveu même de la direction.