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Leur société
Sidérurgie : Des milliards pour les actionnaires, des clopinettes pour des milliers de retraités
Pendant que les grands groupes sidérurgiques se battaient en Bourse à coups de milliards, plusieurs milliers de retraités de la sidérurgie devaient survivre avec une retraite de misère, amputée de 50 à 120 euros par mois par Usinor, devenu Arcelor et par l'État.
Ces travailleurs sont partis dans le cadre d'une convention signée en 1991 entre plusieurs syndicats, les patrons et l'État, qui prévoyait un «congé longue durée (CLD)». Ce CLD permettait de partir en dispense d'activité après l'âge de 50 ans, comme c'était le cas dans la sidérurgie depuis la fin des années 1970, après qu'eurent lieu les luttes des travailleurs contre les suppressions massives d'emplois.
Tous les travailleurs qui partaient dans ce cadre pensaient que ces années non travaillées seraient alors comptées comme cotisées normalement et entreraient ainsi dans le calcul de leur pension de retraite. Or, si ces années sont bien validées par la Sécu, les cotisations que l'employeur aurait dû verser ne l'ont pas été... sous prétexte que l'État refusait d'en assurer le remboursement, comme il le faisait dans l'ancien dispositif. Certains employeurs n'existent plus aujourd'hui, comme Lorfonte qui regroupait les hauts fourneaux d'Usinor-Sacilor, comme Unimétal passé des mains d'Usinor à celles de Mittal avant que ce dernier croque l'ex-Usinor devenu entre-temps Arcelor. Le manque à gagner s'est amplifié avec les «réformes» successives des retraites, en particulier avec le passage au calcul de la pension sur les vingt-cinqmeilleures années au lieu des dix meilleures.
Quand ils se sont aperçus de la supercherie, les retraités, soutenus par la CFDT signataire de l'accord en cause, ont attaqué et gagné en 2001 devant les Prud'hommes des indemnisations de l'ordre de 10000 euros par retraité pour «défaillance d'information». Le tribunal estimait que les employeurs n'avaient pas informé correctement les salariés qui partaient en CLD. Mais le jugement a été cassé en appel, ce qui a été confirmé en cassation.
Les conséquences de ce manque à gagner sont dramatiques pour bien des retraités qui se retrouvent, après une vie de travail, avec des pensions de 900 euros par mois, voire moins, complémentaire comprise. C'est encore bien pire pour les veuves, qui doivent se contenter de pensions de réversion plus petites. L'État et Arcelor sont complices d'un hold-up dans la poche de milliers de retraités de la sidérurgie. Cela en dit long sur la «culture sociale» d'Arcelor, tant vantée par le gouvernement lors de l'OPA de Mittal.