Le départ de la directrice de l'Assistance publique : Quand la santé est une marchandise14/09/20062006Journal/medias/journalnumero/images/2006/09/une1989.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le départ de la directrice de l'Assistance publique : Quand la santé est une marchandise

La directrice générale de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Mme Van Lerberghe, quitte le poste qu'elle occupait depuis fin 2002. Dans un communiqué, elle se vante d'avoir "accompli sa mission" en arrivant à un "équilibre économique rétabli". Pour cette haute fonctionnaire, la santé c'est d'abord une affaire de budget. En trois ans, elle aura taillé à la hache dans celui de l'Assistance publique, faisant 240 millions de prétendues économies et supprimant près de 4000 emplois, sans toucher, a-t-elle dit, au personnel soignant.

Elle a tout de même supprimé des postes d'aides-soignants, qui ne sont pas considérés comme des soignants... mais dont tout le monde sait combien ils sont proches des malades. Elle s'en est prise aussi à des postes administratifs et ouvriers, qui faisaient "doublons" disait-elle avec mépris! Une de ses dernières mesures a été l'adoption en mars 2005 d'un plan quinquennal qui prévoit, entre autres, la suppression de 800 lits de long séjour en gériatrie, comme si les hôpitaux ne manquaient pas déjà de lits pour accueillir toutes les personnes âgées à faibles revenus qui n'ont pas les moyens de payer les prix des maisons de retraite et des cliniques privées.

Supprimer des postes, c'était déjà une spécialité de Madame Van Lerberghe, car elle a passé dix ans dans le groupe Danone où elle a fini en 1996 au poste de directrice générale des relations humaines... mettant en oeuvre les plans de licenciements décidés par Riboud. Puis de 2000 à 2002 elle a été directrice générale d'Altedia Ressouces Humaines, un cabinet conseil en restructuration... comprenez en licenciements.

Aujourd'hui elle quitte l'AP-HP pour occuper de "hautes responsabilités" à la direction du premier groupe privé français de maisons de retraite, issu de la fusion des sociétés Medipep et Suren. Ce groupe gère près de 175 établissements pour personnes âgées avec plus de 10000 lits. Mme Van Lerberghe fera sans doute bénéficier ses nouveaux patrons de son expérience acquise dans le milieu hospitalier. Ainsi, après avoir supprimé des centaines de lits en gériatrie, elle va en gérer des milliers dans le privé au profit d'un groupe capitaliste dont l'action a été multipliée par dix depuis 1998.

On comprend pourquoi Mme Van Lerberghe, à l'université d'été du Medef, a été applaudie par cette assemblée de patrons à qui elle expliquait "comment faire mieux avec moins".

Partager